De Franse schrijver, essayist, filosoof en politicus Gaspard Koenig werd geboren op 3 december 1982 in Neuilly-sur-Seine. Koenig is de zoon van Jean-Louis Hue, voormalig redacteur van het Magazine littéraire, en literair criticus Anne-Marie Koenig. Na het Lycée Henri-IV in Parijs te hebben bezocht, werd Koenig in 2002 toegelaten tot de École Normale Supérieure de Lyon, voltooide hij een eenjarige universitaire uitwisseling aan de Columbia University in New York en ontving hij de onderwijskwalificatie (agrégation) voor filosofie in 2004. Tijdens een jaar studie aan Columbia University studeerde hij Franse liberale filosofie. Hij begon zijn professionele carrière als docent filosofie aan de Université Lille-III. Vervolgens werkte hij twee jaar op het kantoor van minister van Economie Christine Lagarde, voor wie hij ook speechschrijver was tijdens haar termijn als minister van Financiën. In 2009 stapte hij over naar de Europese Bank voor Wederopbouw en Ontwikkeling (EBRD) in Londen. In juni 2012 stelde hij zich kandidaat voor de PLD (Parti libéral démocrate). Hij verliet de publieke dienst in 2013 om de denktank Génération Libre op te richten, die het ‘liberale jakobinisme’ bepleit. In het bijzonder pleit zij voor een onvoorwaardelijk basisinkomen. Sinds 2018 doceert hij filosofie en algemene cultuur aan de SKEMA Business School en aan de Sorbonne. Gaspard Koenig verdedigt een klassiek liberalisme geïnspireerd door de Franse revolutionairen, waarin de staat een centrale plaats inneemt en dat zichzelf presenteert als een middel om het individu te ‘bevrijden’ van paternalisme. Dit ‘liberale jacobinisme’ wordt getheoretiseerd in Koenigs werk “Le Révolutionnaire, l’Expert et le Geek”. Zijn eerste gepubliceerde boek was een roman, Octave avait vingt ans”, die was geselecteerd voor de eerste selectie van de Prix Goncourt 2004. In2013 verscheen de roman “La Nuit de la faillite’, een politiek-financiële thriller. Zijn roman “Kidnapping” (2016) beschrijft het bestaan van een Roemeense vrouw die als oppas in Londen ging werken. In januari 2021 verscheen “L’Enfer”, een ongewoon filosofisch verhaal.
Uit: La nuit de la faillite
“2 heures du matin Recevoir un coup de téléphone à 2 heures du matin n’est pas chose fréquente rue Cauchy. Dans ce petit coin tranquille du rie arrondissement, on est fier d’échapper aux bourrasques de la vie parisienne. « C’est un petit village ici », aiment à répéter les habitants. Un petit village de béton et de brique sale, sans beauté et sans prétention, où, le week-end, tout le monde se retrouve au parc André Citroën pour échanger les nouvelles de la semaine. La tour Eiffel a beau se trouver à dix minutes au nord, elle appartient à un autre monde. D’ailleurs, entre les étroits immeubles de la rue Cauchy, on ne l’aperçoit même pas. Quant à la Seine si proche, ce n’est pas le fleuve scintillant du Pont-Neuf et des quais pavés, mais une voie d’eau encombrée, polluée, ceinturée par les rails du RER C et les voies rapides. Les bateaux-mouches des touristes et les yachts de dîneurs font demi-tour bien avant, sans jamais dépasser l’ile aux Cygnes. Les plus téméraires s’aventurent jusqu’à sa pointe, contournant la statue de la Liberté miniature qui accueille les péniches dans Paris. La rue Cauchy, c’est l’équivalent de New Island : une antichambre de la mégalopole.
On n’y manque de rien. Ne serait-ce que dans la rue, il y a un cordonnier ; une supérette Rapid’ Market (le « market », disent les habitants pour abréger) ; une boutique de parquets ; un traiteur ; et même une « Bibliothèque pour tous » où se réfugient les retraités du quartier. Juste derrière le carrefour est installée une discrète cantine japonaise, toujours aux trois quarts vide en semaine. Elle jouxte Silhouette Laser Center où les mères de famille vont s’offrir des W. Seule nouveauté dans la rue, un restaurant haut de gamme s’est ouvert au 14, avec voiturier, orchidées, et houx japonais en pots sur le trottoir pour protéger les clients des regards. Il a récemment gagné sa première étoile Michelin, à la stupéfaction des habitants du quartier. Son nom a été finement choisi : le Quinzième. Pas besoin d’en dire plus.
La rue Cauchy est même dotée, depuis une trentaine d’années, de son propre jardin, le « square des Cévennes », une touchante parenthèse de verdure entourée de blocs d’une trentaine d’étages style soviétique. Sur la plaque à l’entrée, on peut lire que le square « s’abrite à l’ombre de hauts immeubles administratifs, mais aussi d’érables, de cerisiers à fleurs et de pins ». Tout l’orgueil du XVe tient dans ce « mais aussi ». Nous habitons à Paris, mais aussi un peu à la campagne. Nous sommes des petits fonctionnaires, des petits commerçants, mais aussi des peintres de natures mortes à nos heures perdues. Nous aimons notre vie régulière, sans accroc, mais aussi parfois agitée par une brusque folie.”