Sylvain Tesson

De Franse schrijver (van reisverhalen) Sylvain Tesson werd geboren 26 april 1972 in Parijs als zoon van de arts Marie-Claude Tesson en de journalist Philippe Tesson. Sylvain Tesson volgde middelbaar onderwijs aan het Lycée Passy-Buzenval in Rueil-Malmaison. Daarna haalde hij een baccalaureaat aan het Lycée Claude-Debussy in Saint-Germain-en-Laye. Hij studeerde geografie en specialiseerde zich in geopolitiek. In 1996 behaalde hij het Diplôme d’études approfondies (DEA) aan het Institut français de géopolitique. Hij sloot zijn studie af met een onderzoeksverslag over de waterproblematiek in het noorden van Israël. In hetzelfde jaar maakte zijn eerste fietstocht naar Centraal-Azië in 1997. Tesson nam deel aan verschillende wetenschappelijke expedities. Hij werd lid van de Société des Explorateurs Français. Hij reist vooral naar Azië en het grondgebied van de voormalige Sovjet-Unie. In de regel reist hij met enkele partners, b.v. voor een motorreis van Moskou naar Parijs, beschreven in Berezina, met de Franse fotograaf Thomas Goisque, de Franse reisschrijver Cédric Gras en twee Russische reisgenoten. In 2012 viel hij van het dak van een huis, overleefde met ernstige verwondingen maar leed aan gezichtsverlamming. Als onderdeel van het genezingsproces zwierf hij door Frankrijk. Hij beschrijft deze reis in “Sur les chemins noirs”. Zijn boeken zijn zeer succesvol in Frankrijk. Er werden ongeveer 500.000 exemplaren van “La Panthère des neiges” verkocht, waarmee Tesson de “meest gelezen Franstalige auteur van 2019” werd. Ook maakt hij deel uit van de gelijknamige documentaire uit 2021.

Uit: La panthère des neiges

« Je l’avais rencontré un jour de Pâques, après une projection de son film sur k loup d’Abyssinie. Il m’avait parlé de l’insaisissabilité des bêtes et de cette venu suprême : la patience. Il m’avait raconté sa vie de photographe animalier et détaillé les techniques de l’affût. C’était un an fragile et raffiné consistant à se camoufler dans la nature pour attendre une bête dont rien ne garantissait la venue. On avait de fortes chances de rentrer bredouille. Cette acceptation de l’incertitude me paraissait très noble — par là même an ti modern e. Moi qui aimais courir les routes et les estrades, accepte-rais-je de passer des heures, immobile et silencieux ? Tapi dans les orties, j’obéissais à Munier : pas un geste, pas un bruit. Je pouvais respirer, seule vulgarité autorisée. J’avais pris dans les villes l’habitude de dégoisa à tout propos. Le plus difficile consistait à sc taire. Les cigares étaient proscrits. « On fumera plus tard, sur un talus de la rivière, cc sera nuit et brouillard ! » avait dit Munier. La perspective de griller un havane au bord de la Moselle faisait supporter la position du guetteur couché.
Les oiseaux dans la charmille striaient l’air du soir. La vie explosait. Les oiseaux ne troublaient pas le génie des lieux. Appartenant à ce monde, ils n’en brisaient pas l’ordre. C’était la beauté. La rivière coulait à cent mètres. Des escadres de libellules volaient au-dessus de la surface, carnassières. Sur la rive ouest, un faucon hobereau menait des razzias. Vol hiératique, précis, mortel — un Stuka. Ce n’était pas le moment de se laisser distraire : deux adultes sortaient du terrier. jusqu’à la nuit ce fin le mélange de la grâce, de la drôlerie et de l’autorité Les deux blaireaux donnèrent-ils un signal ? Quatre têtes apparurent et des ombres fusèrent hors des galeries. Les jeux du crépuscule avaient commencé. Nous étions postés à dix mètres et les bêtes ne nous repérèrent pas. Les jeunes blaireaux se battaient, escaladaient la levée de terre, rodaient dans le fossé, se mordaient la nuque et recevaient la torgnole d’un adulte qui remettait de la tenue dans le cirque du soir. Les fourrures noires rayées de trois lanières d’ivoire disparaissaient entre les feuillages, surgissaient plus loin. Les bêtes se préparaient à fureter par les champs et par les berges. Elles s’échauffaient avant la nuit. Parfois, l’un des blaireaux approchait de notre position et allongeait son long profil qu’un mouvement de la tête recadrait de pleine face. Les bandes sombres où se logeaient les yeux dessinaient deux coulées mélancoliques. Il avançait encore, on distinguait les pattes plantigrades, puissantes, ramenées en dedans. Les griffes laissaient dans le sol de France ces empreintes de petits ours qu’une certaine race d’hommes assez malhabile dans le jugement d’elle-même identifiait comme traces de « nuisibles ».

 

Sylvain Tesson (Parijs, 26 april 1972)

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