Jacques Lanzmann, Ishita Bhaduri, Wilhelm Lehmann, Gerlind Reinshagen, Maxence Van der Meersch, Olia Lialina

De Franse schrijver, journalist en tekstschrijver Jacques Lanzmann werd geboren op 4 mei 1927 in Bois-Colombes. Zie ook alle tags voor Jacques Lanzmann op dit blog.

Uit: Le têtard

« Chez les Tavernier, j’avais souffert de quoi, au juste ? D’un peu de tout et de tout à fond : poil, coeur, sexe, race, religion, terreur vitale et péché mortel. Un cocktail qui vous saoule à la fois la petite enfance et l’adolescence. Difficile de s’en tirer lorsqu’on a trinqué comme ça si tôt avec la vie et fait tinter contre elle son verre qui s’est brisé. On en voit de ces enfants ivres de coups du sort traîner leurs angoisses à travers le temps, le long des êtres et des buffets. Moi, je m’en suis assez bien sorti. J’ai eu la chance d’entrer dans le monde adulte avec une enfance fêlée mais pas cassée et une volonté farouche de vivre à chaque instant.
Comme il me fallait rattraper tout ce temps perdu où j’avais souffert de ma naïveté et de la certitude des grands, je me suis mis à courir après le bonheur pour me le fourrer dans le coeur et dans la poche. Ce bonheur, je me le suis gardé sous la main et je l’ai senti bouger et je l’ai serré jusqu’à l’étouffer pour qu’il ne s’en aille pas. Bien sûr qu’il est parti, mais il est aussitôt revenu, parce que, lui comme moi, on n’a jamais pu se passer l’un de l’autre. Bonheur, malheur, la vie, la mort, l’argent, la fauche, tout ça c’est poison et antipoison, mais quand on est petit et seul on se laisse refiler la rage et on peut en crever parce que personne n’est là pour vous dire que le vaccin existe. Moi, mon vaccin, c’était de penser au bonheur et lorsque j’y pensais, à ce bonheur de mes vingt ans, je voyais toujours la même image devant mes yeux extasiés : un homme, moi, une femme, la mienne. Elle et moi : tout nus, assis, sereins, autour d’une table de cuisine et mangeant silencieux, avec la même fourchette, des spaghettis très chauds qu’on tirait, elle pour moi et moi pour elle, d’une grande marmite d’émail orange. Grâce à cette vision de ma vie d’adulte, matériau simple, ô combien ! je me suis sans cesse reconstruit quand j’étais écroulé. »

 

 
Jacques Lanzmann (4 mei 1927 – 21 juni 2006)
Cover

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Jacques Lanzmann, Ishita Bhaduri, Gerlind Reinshagen, Maxence Van der Meersch, Wilhelm Lehmann

De Franse schrijver, journalist en tekstschrijver Jacques Lanzmann werd geboren op 4 mei 1927 in Bois-Colombes. Zie ook alle tags voor Jacques Lanzmann op dit blog.

 

Uit: Le têtard

 

“J’avais quinze ans et je ne voulais pas mourir sans avoir fait l’amour et la Résistance, mais c’était bien plus facile de tuer un soldat allemand qu’une obses­sion sexuelle.
Il y avait soixante camions et je ne sais combien de bagnoles à gazogène pleins à ras bord de gars et de matériel.
Les camions étaient poussifs, mais les poitrines cognaient si fort et les gorges sous les drapeaux chantaient tellement que les moteurs semblaient marcher à l’enthousiasme.
En traversant Vieille-Brioude réveillée par l’événe­ment, j’ai aperçu les grands-parents qui se tenaient sur le pas de la porte. Anna et Léon, nés l’un en Lettonie, l’autre en Biélorussie, applaudissaient en Auvergnats cette longue colonne de maquisards motorisés qui transportaient leurs fils et leurs petits-fils, sang pogromisé et chair de victime, vers l’ultime étape de la francisation.
Moi, je m’étais toujours senti plus français que juif, mais aussi bien plus rouquin que français et juif. J’étais un rouquin-français-juif de parents divorcés-citadins transplanté-analphabète-et-paysan ; un vrai poil de carotte sans vraie famille, mais avec des fami­liers. Et, parmi les plus familiers, il y avait mon frère Claude, ma soeur Evelyne, le René et le Père Tavernier, la Mère Yvonne, le gars Bébette et la soeur de René Raymond. Dans le temps, il y avait eu ma mère : dans le présent, il y avait mon père. Mais, comme ils étaient séparés par les sentiments et l’Occupation, ça ne faisait pas une famille.
À Groutel, j’avais souffert de mes cheveux rouges, j’étais un dépigmenté, un poil de brique, un maudit petit rouquin qui avait pris le soleil à travers une passoire. À Melun, j’eus à faire face à ceux qui me reprochaient – et c’étaient généralement les mêmes -ma rouquinerie et ma juiverie. Chez les Bongrand, le poil avait de nouveau primé ; eux, ils ne savaient pas que j’étais juif, mais ils voyaient que j’étais rouge. Et, quand le Marcel ou l’Albert rentrant des champs s’atta­blaient en disant : «Dis donc, la mère, on se taperait bien un coup de rouquin», je me sentais visé et je l’étais.”

 


Jacques Lanzmann (4 mei 1927 – 21 juni 2006)

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Gerlind Reinshagen, Jacques Lanzmann, Maxence Van der Meersch, Wilhelm Lehmann

De Duitse schrijfster Gerlind Reinshagen werd geboren op 4 mei 1926 in Königsberg. Zie ook mijn blog van 4 mei 2009 en ook mijn blog van 4 mei 2010.

 

Uit: Sonntagskinder

 

Am Fenster. Lona strickt, von Zeit zu Zeit hinaussehend. Elsie schleicht sich an, hält ihr die Augen zu.
Elsie
Jetzt geht er vorbei, und du kannst ihn nicht sehn!
Lona
Zu spät, Elsie, er ist gerade durch.
Elsie
Und wenn er plötzlich umdreht und zurückkommt!
Lona
Das liegt ihm nicht. Er geht ums Carrée, wie immer. Also spar dir die Mühe. Ich würd’s auch spüren, irgendwie magnetisch, wenn er käme …
Elsie
Tatsächlich! Da kommt er zurück und starrt uns ins Fenster. Gleich wird es springen!
Lona
reißt Elsies Hände von den Augen: Was? Wirklich? Enttäuscht. Ach, es ist bloß der General!
Elsie
General Belius mit Frau Anna-Sophie. Ich nenn sie »Maria-Theresia«! t,t,t! Der Vater sagt, er hätt das Pulver nicht erfunden, aber sie dafür das Kinderkriegen.
Lona
Ich finde, er hat wunderbare blaue Augen.
Elsie
schlägt ihr Geschichtsbuch auf: Er hat was von Moltke … meinst du nicht?
Lona
zeigt hinaus, schreit: Almuth! Almuth mit Pelzkragen! Mitten im Sommer!
Elsie
Ich würd gern wissen, ob eventuell die gleichen Menschen
(17)
immer wiederkommen, Lona, alle die von früher … nur in anderen Kleidern …
Lona
Ich hab immer gedacht, sie schnappt nochmal über, die Almuth, und mitten im Sommer!!
Elsie
Die Inder sagen, daß man immer wiederkommt, in allen möglichen Gestalten, was glaubst du, Lona? Hörst du mir zu? Lona, du bist ja ganz rot geworden! Sie sieht auf die Straße. Ah, der Herzallerliebste, Herbert Nickel! Sie blättert wieder in ihrem Buch, hält es Lona vor die Nase. Der kleine Bonaparte!“

 

 

Gerlind Reinshagen (Königsberg, 4 mei 1926)

 

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Ishita Bhaduri, Gerlind Reinshagen, Jacques Lanzmann, Maxence Van der Meersch, Wilhelm Lehmann

De Indiase dichteres Ishita Bhaduri werd geboren op 4 mei 1961 in Kolkata in West-Bengalen. Zie ook mijn blog van 4 mei 2009.

 

Why This Rainfall of Letters!

 

That watercoloured dream
trampled by feet and lost forever,
Why flash on its face the light of letters?
That moon covered by ash-grey clouds,
Why a blue veil for it now?
That yellow velvety flower, already blown away,
Why should it now get drenched
in the rainfall of letters?
That river, distanced from its shores,
What more can a nor’wester give her now?
The morning, that walked into the hazy fog,
Can it be woken up by the sound of dewdrops?

 

 

Vertaald door Soma Roy

 

 

The Endless Night

On the thirty-six inches bed
You take six
And give me the rest,
Can I take so much space?
So much anger? Such void?
Can I? Can I?
# #
On a thirty-six inches bed
If you occupy only six inches
How will I survive
This endless night?
The dust storm of Chaitra?

 

Vertaald door Boudhayan Mukhopadhyay

Bhaduri

Ishita Bhaduri (Kolkata 4 mei, 1961)

 

 

De Duitse schrijfster Gerlind Reinshagen werd geboren op 4 mei 1926 in Königsberg. Zie ook mijn blog van 4 mei 2009.

 

Uit: Rovinato oder Die Seele des Geschäfts

 

“Die Ruschigk ist eine, die ein Privatleben hat.

Zwar behaupten das viele von sich, Bilder werden herumgezeigt: Kinder auf Rutschbahnen, junge Männer bei der Silvesterfeier mit Glas in der Hand, eine Locke forsch, wie unabsichtlich, in der Stirn, Frauen mit Säuglingen vor der Brust, die älteren Männer im guten Anzug, geradezu und aufrecht in die Linse blickend; aber glauben, nein, glauben tut man es ihnen allen miteinander doch nicht so recht. Man sieht, was spät am Abend und am Wochenende sich zuhaus ereignet, doch eher als Marginalie, als unwesentliches Nachspiel an; zu tief, zu fest ist jeder einzelne in das Leben des Geschäfts verwachsen, in die Beziehungen zu den Kollegen, so vielfach dahinein verschlungen, als daß ihm noch Luft bliebe für das Private, als daß er da noch groß investieren könnte.

Nur die Ruschigk, die macht sich für beides stark. Der nimmt man es ab. Die schafft das Private und das Geschäft und noch so einiges andere dazu. Also, könnte man sagen, daß die Ruschigk ihr häusliches Leben auf das Glücklichste mit dem Geschäftlichen verbunden hat, oder anders vielleicht: ihr Privates bricht sich sozusagen im Geschäftlichen, oder noch anders: es brandet, es brummt im Geschäftlichen auf; das Geschäft ist sozusagen Ruschigks Ufer, an dem die Fluten zum Stillstand kommen.

Das Ruschigksche Privatleben taucht unvermutet auf, steht plötzlich kurz vor Feierabend in der Tür, schreibt sogar Briefe ab und an; fast jeder männliche Beschäftigte kriegt irgendwann einmal damit zu tun.

Die Ruschigksche Ehe spielt sich nicht ab im Bett, nicht am Couchtisch, nicht vor dem Fernsehschirm, wie es bei anderen Paaren der Fall ist. Sie gewinnt Leben und Hitze auf dem kurzen Stück Weg zwischen Glastür und Park, (durch den die Ruschigk dann nach Hause geht), wo für gewöhnlich auf der ersten Bank mit freiem Blick zu unserem Geschäftshaus hin, Herr Ruschigk, ein Finanzbeamter, sitzt und lauert. Ihr auflauert, meinen einige, aber so einfach ist die Sache nicht.“

 

reinshagen

Gerlind Reinshagen (Königsberg, 4 mei 1926)

 

De Franse schrijver, journalist en tekstschrijver Jacques Lanzmann werd geboren op 4 mei 1927 in Bois-Colombes. Zie ook mijn blog van 4 mei 2009.

 

Paris s’éveille

Je suis le dauphin de la place Dauphine
Et la place Blanche a mauvais’ mine
Les camions sont pleins de lait
Les balayeurs sont pleins d’balais

 

Il est 5 heures, Paris s’éveille, Paris s’éveille

 

Les travestis vont se raser
Les strip-teaseuses sont rhabillées
Les traversins sont écrasés
Les amoureux sont fatigués

 

Le café est dans les tasses
Les cafés nettoient leurs glaces
Et sur le boulevard Montparnasse
La gare n’est plus qu’une carcasse

 

Les banlieusards sont dans les gares
À la Villette on tranche le lard
Paris by night regagne les cars
Les boulangers font des bâtards

 

La Tour Eiffel a froid aux pieds
L’Arc de Triomphe est ranimé
Et l’Obélisque est bien dressé
Entre la nuit et la journée

 

Les journaux sont imprimés
Les ouvriers sont déprimés
Les gens se lèvent ils sont brimés
C’est l’heure où je vais me coucher

 

Il est 5 heures Paris se lève
Il est 5 heures je n’ai pas sommeil

 

Lanzmann

Jacques Lanzmann (4 mei 1927 – 21 juni 2006)

 

De Franse schrijver van Vlaamse afkomst Maxence Van der Meersch werd geboren op 4 mei 1907 in Roubaix. Zie ook mijn blog van 4 mei 2009.

 

Uit: La maison dans la dune

 

Il n’y avait plus de sentier. Tom devait suivre maintenant d’étroits passages, des bandes d’herbe, les rives bosselées de ruisseaux limitant les champs. Derrière lui, brusquement, la lune se montra, entre deux nuages noirs déchiquetés par une rafale. Et Tom, dès lors, instinctivement, se baissa, fit plus bas et plus long, se coula d’une allure féline les long des blés et des avoines. Une fois, il s’arrêta encore, il leva la tête par-dessus les tiges d’avoine, il regarda au loin l’immensité des champs, qui, sous la lune, s’éclairaient d’une pâleur spectrale d’au-delà. Et il vit au milieu de ce désert plat et morne, très loin encore, vers la ligne sombre des dunes qui, à droite, fermaient l’horizon, la silhouette d’un homme qui attendait.

Tom fit un long circuit, contourna l’homme, à deux cent mètres de distance, de façon à être sous le vent. Il sut alors qu’il y avait un chien avec l’homme. Et cela lui inspira de la méfiance. Son expérience lui rappelait que ces gens-là, qui attendent, la nuit, avec des armes et des chiens, sont à craindre et à

éviter.

Lentement, Tom se coula dans les blés. Il se fit plus petit encore, rasant la terre sous son ventre, écartant du bout de son nez les chaumes, ondulant, s’insinuant, faisant à peine frémir les tiges autour de lui. Dans cette mer ondoyante de verdure, il glissait comme un navire, sans bruit, sans heurt…

Mais brusquement, son nez, qui fendait comme une étrave l’épaisseur des blés, trouva devant lui le vide. Il était arrivé à la limite des champs. Plus loin, il n’y avait qu’une lande nue, pelée, à peine tachée, ça et là, d’une plaque d’herbe courte et roussâtre.“

 

VanderMeersch

Maxence Van der Meersch (4 mei 1907 – 14 januari 1951)

 

De Duitse schrijver en dichter Wilhelm Lehmann werd geboren op 4 mei 1882 in Puerto Cabello. Zie ook mijn blog van 4 mei 2008 en ook mijn blog van 4 mei 2009.

Signale

Seewärts hör ich Signale tuten:
Sie schießen die Torpedos ein.
Auf fernen Meeren, nah dem Ohre,
Gesprengter Leiber letztes Schrein.

Der Märzwind greift den Wandernden,
Ich gleite wie auf Flügelschuhn;
Dann bin ich selbst ihm aufgestiegen
Und kann auf seinem Rücken ruhn.

Ein Girren streicht um meine Kniee,
Ein Rebhahn schwirrt am Kleinbahndamm.
Vor aufgerauhter Schlehdornhecke
Säugt Mutterschaf sein erstes Lamm.

Hör ich noch die Signale rufen?
Sie wurden Klang von Roncevalles:
Woran die Herzen eins zersprangen,
Schwebt echoleicht als Hörnerschall.

Mich feit der süße Augenblick.
Die Zügel häng ich ins Genick
Dem Windpferd, daß es schweifend grase.
Huflattich blüht, es springt der Hase.

Die Wolken bauen Pyrenäen,
Der Erdgeist denkt die Vogelreise:
Und ohne daß sie wissen, zucken
In Aufbruchslust die Kuckuckszehen.

Sie landen, höheren Flugs getragen
Als ihn Schrapnells, Granaten wagen.

Ob draußen noch Signale tuten?
Schießt man noch die Torpedos ein?
Schreckt noch das Ohr auf fernen Meeren
Zerfetzter Leiber Todesschrein?

Tief innen übte sich inzwischen
Gesang, der Thebens Mauern baute.
Fang an mit zwiegespaltnem Laute:
Und “heile, heile, heile!” tönt es,
Kuckuck! Kein Fluch der Erde höhnt es.

Granaten und Schrapnells verzischen.

 

Lehman Wilhelm

Wilhelm Lehmann (4 mei 1882 – 17 november 1968)