Juan Marsé, Waldtraut Lewin, Gaston Miron, Ko Un, Béla Zsolt

De Catalaanse schrijver Juan Marsé werd geboren op 8 januari 1933 in Barcelona. Zie ook alle tags voor Juan Marsé op mijn blog.

 

Uit: Calligraphie des rêves (Vertaald door Jean-Marie Saint-Lu)

„Torrente de las Flores. Il avait toujours pensé qu’une rue portant ce nom ne pourrait jamais être le

théâtre d’une tragédie. Depuis le haut de la Travesera de Dalt, elle amorce une forte pente qui s’atténue jusqu’à mourir dans la Travesera de Gracia, croise quarante-six rues, a une largeur de sept mètres et demi, est bordée d’immeubles peu élevés et compte trois bars. En été, durant les jours parfumés de la fête patronale, endormie sous un toit ornemental de bandes de papier de soie et de guirlandes multicolores, la rue abrite une agréable rumeur de roselière bercée par la brise et une lumière sous-marine et ondulante, comme d’un autre monde. Lors des nuits étouffantes, après dîner, la rue est un prolongement du foyer familial.

Tout cela est arrivé il y a bien longtemps, quand la ville était moins vraisemblable qu’aujourd’hui, mais

plus réelle. Un peu avant deux heures, un dimanche après-midi de juillet, le soleil resplendissant et une averse soudaine se fondent durant quelques minutes, laissant en suspens dans l’air une lumière frisottante, une transparence hérissée et trompeuse tout au long de la rue. Cet été est torride et la peau noirâtre de la chaussée est si chaude à cette heure-là que la pluie finissante s’évapore avant même de la toucher. Sur le trottoir du bar-marchand de vin Rosales, l’averse passée, un pain de glace laissé là par la camionnette du livreur et mal enveloppé dans une toile de jute commence à fondre sous le soleil inclément. Le gros Agustín, le patron, ne tarde pas à sortir, un seau et un

pic à la main, et, accroupi, il s’empresse de casser le pain.

Sur le coup de deux heures et demie, un peu audessus du bar et sur le trottoir d’en face, dans le tronçon de la rue le plus propice aux mirages, Mme Mir sort en courant du 117, visiblement perturbée, comme si elle venait d’échapper à un incendie ou à une hallucination, et se plante au milieu de la chaussée, en pantoufles et vêtue de sa blouse blanche d’infirmière mal boutonnée, sans craindre de laisser voir ce qu’elle ne doit pas montrer.“

 

Juan Marsé (Barcelona, 8 januari 1933)

 

De Duitse schrijfster Waldtraut Lewin werd geboren op 8 januari 1937 in Wernigerode. Zie ook alle tags voor Waldtraut Lewin op dit blog.

 

Uit: Leonie Lasker, Jüdin – Dunkle Schatten

“Gern hätte ich die Reise einfach verschlafen, traumlos verschlafen.

Aber ich hatte etwas vergessen: ein Mittel, das mich hinüberbringt über die Passage zwischen Schlaf und Wachen.

Ich war müde. Todmüde war ich. Und dann, wenn mir die Augen zufielen, wenn ich hoffte, einfach in irgendwelche Tiefen abzutauchen, in Dunkelheiten, wo man nichts mehr fühlt, dann schreckte ich wieder auf. Dann war es wieder da. Alles. Alles, was ich erlebt hatte. –

Ich laufe mit meinem Geliebten durch die winterlichen Straßen Berlins.

Wir gehen zur Probe; es schneit. Die Flocken bleiben auf seinem Haar liegen. Noch bin ich glücklich. Glücklich, mit ihm zusammen zu sein, glücklich, mit ihm bald wieder auf der Bühne zu stehen. Er ist mein Leben. Theater ist mein Leben. Er und das Theater zusammen sind Glück.

Er, der Schauspieler, und ich, die Schauspielerin.

Und dann geht er hinter uns her. Er. Der Schatten, der Mann ohne Gesicht, der ihn seit Kurzem verfolgt. Weil jemand verhindern will, dass Schlomo, mein Geliebter, den Bar Kochba spielt, einen jüdischen Volkshelden. Jüdische Volkshelden sind im Moment nicht erwünscht …

Schlomo stellt ihn. Er stellt sich ihm. Er sagt, er habe in »ein ganz normales Schweinehundgesicht« geblickt. Aber ich weiß es ja anders. Nicht besser, schlimmer weiß ich es. Ich weiß es längst aus meinen Träumen und Gesichten. Noch ehe die Pistole wirklich auf ihn gerichtet ist, lange davor, ist er schon im Visier. Die Anrufe, mit denen man uns quält. Die Briefe.

Die Drohungen. Er soll nicht auftreten, der Jude Schlomo, er soll nicht Theater spielen.

»Es wird brennen!«, steht in dem Brief. Und er läuft los, um das für mich zu holen aus dem alten Theatermagazin, weswegen ich auf der Suche war. Das hohe Gut.

Ich warte auf ihn, auf seine Rückkehr. Ich zähle die Minuten. Es ist ein schöner Morgen, oh Gott, ja, es ist ein Morgen mit Sonne, glaube ich, mir ist so, wenn ich es wieder durchlebe. In meiner Brust dies Ziehen. Dann der andere Brief, die Warnung. Er soll nicht aus dem Haus gehen heute!

Ich laufe los, ihm hinterher”.

 

Waldtraut Lewin (Wernigerode, 8 januari 1937)

 

De Franstalige, Canadese dichter, schrijver en uitgever Gaston Miron werd geboren op 8 januari 1928 in Sainte-Agathe-des-Monts. Zie ook mijn blog van 8 januari 2009 en ook mijn blog van 8 januari 2010 en ook mijn blog van 8 januari 2011

La vie agonique

La noirceur d’ici qui gêne le soleil lui-même
me pénètre, invisible comme l’idiotie teigneuse
chaque jour dans ma vie reproduit le précédent
et je succombe sans jamais mourir tout à fait

celui qui n’a rien comme moi, comme plusieurs
marche depuis sa naissance, marche à l’errance
avec tout ce qui déraille et tout ce qui déboussole
dans son vague cerveau que l’agression embrume

comment me retrouver labyrinthe ô mes yeux
je marche dans mon manque de mots et de pensée
hors du cercle de ma conscience, hors de portée
père, mère, je n’ai plus mes yeux de fil en aiguille

puisque je suis perdu, comme beaucoup des miens
que je ne peux parler autrement qu’entre nous
ma langue pareille à nos désarrois et nos détresses
et bientôt pareille à la fosse commune de tous

puisque j’ai perdu, comme la plupart autour
perdu la mémoire à force de misère et d’usure
perdu la dignité à force de devoir me rabaisser
et le respect de moi-même à force de dérision

puisque je suis devenu comme un grand nombre
une engeance qui tant s’éreinte et tant s’esquinte
à retrouver son nom, sa place et son lendemain
et jusqu’à s’autodétruire en sa légitimité même

terre, terre, tu bois avec nous, terre comme nous
qui échappes à toute prégnance nôtre et aimante
tu bois les millénaires de la neige par désespoir
avec comme nous une fixité hagarde et discontinue

cependant que la beauté aurifère du froid
t’auréole et comme nous dans la mort te sertit

je vais, parmi des avalanches de fantômes
je suis mon hors-de-moi et mon envers
nous sommes cernés par des hululements proches
des déraisons, des maléfices et des homicides

je vais, quelques-uns sont toujours réels
lucides comme la grande aile brûlante de l’horizon
faisant sonner leur amour tocsin dans le malheur
une souffrance concrète, une interrogation totale

poème, mon regard, j’ai tenté que tu existes
luttant contre mon irréalité dans ce monde
nous voici ballottés dans un destin en dérive
nous agrippant à nos signes méconnaissables

notre visage disparu, s’effaceront tes images
mais il me semble entrevoir qui font surface
une histoire et un temps qui seront nôtres
comme après le rêve quand le rêve est réalité

et j’élève une voix parmi des voix contraires
sommes-nous sans appel de notre condition
sommes-nous sans appel à l’universel recours

hommes, souvenez-vous de vous en d’autres temps

Gaston Miron (8. Januar 1928 – 14. Dezember 1996)

 

De Zuidkoreaanse dichter Ko Un werd op 8 januari 1933 (volgens anderen op 1 augustus 1933) in Kunsan geboren. Zie ook mijn blog van 8 januari 2009 en ook mijn blog van 8 januari 2010 en ook mijn blog van 8 januari 2011.

Untitled

Here’s an old-fashioned poem of the kind written before 1950,
usually entitled “Untitled.”

One day I took a pebble from
an East Sea beach and put it in my pocket
but it jumped back out, shrieking.

As it hurtled off into the distance,
it failed to make the slightest sound.

It had no idea of the strong emotions I was longing for.

Out at sea are flocks of seagulls
ready to peck out and swallow facile words.

Vertaald door broeder Anthony van Taizé, Young-moo Kim en Gary Gach

Preface to ten thousand lives’

An instant that is born between you and me!
There the furthest star rises.
Meetings of people—
in the hundreds of miles of Puyo,
in each village of ancient Mahan’s fifty-four nations.
Since then, our fatherland has seen myriads of meetings of people!
In this ancient land
parting means an expansion.
Procession of endless living,
no one can exist all alone. Tomorrow!
Ah, a man can be a man, a world, only among other people.

 

Vertaald door broeder Anthony van Taizé en Lee Sang-Wha


Ko Un (Kunsan, 8 januari 1933)

 

De Hongaarse schrijver Béla Zsolt werd op 8 januari 1895 geboren in Komárom in het noorden van Hongarije. Zie ook alle tags voor Béla Zsolt op dit blog.

 

Uit: Nine Suitcases (Vertaald door Ladislaus Lob)

“Indeed, I hated Bethlen† with a personal passion, because with his determination, ruthlessness and stubbornness he was gradually destroying all hope of the return of the revolution. I had experienced the collapse of my ideas and my homeland too early, when I was hardly eighteen, and it wasn’t only my political, social and philosophical illusions that collapsed, but almost everything else. This collapse has remained the sharpest break in my life to this day. It extinguished what had been burning in me with even hotter and brighter flames than the social passion—the lyrical and the aesthetic. And it nearly turned me into a nervous and physical wreck: it caused painful disturbances in my sex life, and many years of insomnia, lack of appetite, many types of self-flagellation and waste of energy, which drove me close to a state of frenzy. I spat blood, ran a fever—Sándor Bródy* said that I wouldn’t last till the spring—and sat in cafés till dawn, hating and hoping. I know that this gnawing political grief contained many different things, for instance bitterness over the collapse of my personal ambitions, but whatever the case, by the time I was twenty my youth had gone. Over the next few years, time and nature numbed and even healed many wounds, but I never again knew what it was like to be really well. Whatever I ate or drank left a bad taste, and whenever I wasn’t fully absorbed by the hatred or enthusiasm of the political and related intellectual battle I felt that I was committing an infidelity. Even while making love I felt guilty about squandering something that should have been reserved for my one and only important passion. At the same time I almost began to worship men older than myself whom I believed to have purer and more faithful passions than I did. For a long time I refused to accept, even when I experienced it face to face, that many of them, despite their patriotic sorrow, were seeking a separate peace and, being corrupted by clever compromises, were slowly slipping across to the other side.”

 

Béla Zsolt (8 januari 1895 – 6 februari 1949)
Komárom

 

Zie voor nog meer schrijvers van de 8e januari ook mijn blog van 8 januari 2011 deel 1 en eveneens deel 2.