De Franse schrijver en journalist Jean-Patrick Manchette werd geboren op 19 december 1942 in Marseille. Manchette schreef ‘klassieke’ detective verhalen en “romans noirs”, maar was ook literatuur- en filmcriticus, die de nieuwe Franse detective roman van de jaren 1970 introduceerde. Hij schreef ook dialogen en scenario’s voor film en televisie en werkte als vertaler. Hij werd beschouwd als een belangrijke vertegenwoordiger van de neo-polaire, een variant van de roman noir, maar had ook in een directe lijn met de grote meesters van de Amerikaanse hardboiled detective thrillers (Hammett en Chandler). Manchette was al vroeg op politiek gebied actief, in het bijzonder als een tegenstander van de oorlog in Algerije, daarna in de uiterst linkse scene, en in de beweging van de situationisten. Hij was ook een grote jazzliefhebber. Zijn debuut beleefde hij in 1971 in de Série noire, een in de roman noir gespecialiseerde boekenreeks door Gallimard, met “Laissez les bronzer cadavres” (samen met Jean-Pierre Bastid) en “L’Affaire N’Gustro”, die werden gevolgd door nog negen romans. Ook vertaalde hij werken van Robert Littell, Robert Bloch, John Buell, Ross Thomas en Donald E. Westlake en was hij literair criticus in de magazines Charlie Hebdo, Polar en Libération. De 2015 verschenen film “The Gunman” is gebaseerd op één van zijn romans. Manchette schreef sinds de jaren 1960 ook een groot aantal scenario’s voor tv-series en films.
Uit: Le petit bleu de la côte Ouest
“Tout ce qu’il disait parvenait de manière terriblement entrecoupée à Béa, qui ne cessait de son côté de vouloir se faire entendre.
Soudain il coupa la communication en appuyant sur la fourche avec son index. Il relâcha la pression et écouta la tonalité. Il raccrocha le combiné et remit le téléphone en place. Il le débrancha. À présent Béa pouvait bien rappeler. Au bout du fil elle entendrait la sonnerie, mais lui, ici, il n’entendrait rien du tout, il n’y aurait même pas de sonnerie pour le déranger. Il passa dans la cuisine et se fit du thé. Pendant que le thé infusait, il prit de nouveau une douche et se rasa et se changea et les deux tueurs roulaient vers Paris à bord de leur Lancia Beta Berline 1800 écarlate. Et Gerfaut but son thé en mangeant de la marmelade d’orange sans pain, à la cuiller, et en lisant quelques pages d’un vieux numéro de la revue Fiction. Quand il eut fini son thé, il rebrancha le téléphone et appela une société de location de voitures sans chauffeur, puis un taxi.
Le taxi le déposa vers 11 heures à un garage où il prit possession de la Ford Taunus qu’il avait retenue. Un moment il roula dans Paris au hasard. Les deux tueurs filaient sur l’autoroute. Carlo avait pris le volant. Bastien somnolait à sa droite. Un moment ils s’étaient querellés, quand Bastien avait dit à Carlo le contenu exact du télégramme. Carlo avait alors soutenu qu’il aurait été plus intelligent d’attendre à Saint-Georges-de-Didonne que Gerfaut y revînt. Mais selon Bastien, l’expression « lettre suit » contenue dans le message indiquait que Gerfaut n’était pas près de revenir. Plusieurs fois ils se traitèrent mutuellement de tête molle et de con. Enfin Bastien s’était assoupi.”
Jean-Patrick Manchette (19 december 1942 – 3 juni 1995)