Mohamed Mbougar Sarr

De Franstalige Senegaleseschrijver Mohamed Mbougar Sarr werd geboren in Dakar op 20 juni 1990. Sarr is de zoon van een arts en groeide op in een groot Sérères-gezin in Diourbel in Senegal. Hij volgde middelbaar onderwijs aan de Prytanée militaire (cadettenschool) in Saint-Louis en vertrok daarna naar Frankrijk om verder te studeren. Na afronding van de CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles) aan het lycée Pierre-d’Ailly in Compiègne, werd hij toegelaten tot de École des hautes études en sciences sociales (EHESS) in Parijs. Daar deed hij onderzoek naar Léopold Sédar Senghor, Senegalees staatsman, dichter en filosoof. Hij onderbrak zijn studie toen hij veel fictie ging schrijven. In 2014 verscheen “La Cale” een novelle over de slavenhandel. Voor “Terre ceinte”, zijn eerste roman over het leven in een fictief stadje in de Sahel dat onder het bewind van islamitische jihadistische milities komt te vallen, krijgt hij in 2015 de prix Ahmadou-Kourouma op de boekenbeurs in Genève, de Grand prix du roman métis van de stad Saint-Denis op La Réunion, evenals de Prix du roman métis des lycéens die toegekend wordt door scholieren uit Saint-Denis-de-la-Réunion. Tijdens de Jeux de la Francophonie van 2017 in Ivoorkust ontvangt hij de bronzen medaille in de categorie literatuur voor zijn novelle “Ndënd” (Tamboer in het Wolof). Voor zijn tweede roman, “Silence du chœur”, die het dagelijks leven van Afrikaanse migranten op Sicilië beschrijft, ontving hij de Prix littérature monde van het festival Étonnants Voyageurs in Saint-Malo en de Prix du roman métis des lecteurs de la ville de Saint-Denis van 2018. Sarr is een van de tien schrijvers van het collectieve werk Politisez-vous!, een essay uit 2017 waar ook Hamidou Anne en Fary Ndao aan hebben bijgedragen. In Senegal ontstond een controverse over zijn derde roman “De purs hommes”, een roman over een leraar die met homofobie wordt geconfronteerd. In november 2021 wint hij de Prix Goncourt voor zijn roman “La plus secrète mémoire des hommes”, waarvoor hij zich liet inspireren door het leven van de Malinese schrijver Yambo Ouologuem.

Uit: De purs hommes

« — Tu as vu la vidéo qui circule depuis deux jours ? Je voulais m’endormir ivre de jouissance. C’était raté. Il faut toujours sur cette terre une voix charitable qui vous veuille le plus grand mal : vous ramener à la sobriété. Elle insistait : « Elle est dans presque tous les téléphones du pays. Il paraît même qu’une chaîne de télé l’a diffusée avant d’être interrompue… » Pas le choix : je revins donc à l’espace de ma chambre, où flottaient les senteurs d’aisselles en sueur et de cigarettes, mais où surtout régnait, étranglant les autres odeurs, l’empreinte appuyée du sexe, de son sexe. Signature olfactive unique, je l’aurais reconnue entre mille autres, celle-là, l’odeur de son sexe après l’amour, odeur de haute mer, qui semblait s’échapper d’un encensoir du paradis… La pénombre s’accroissait. L’heure était passée où l’on pouvait encore prétendre la donner. Nuit. Pourtant, des éclats de voix au-dehors refusaient de s’évanouir : voici le choeur diffus d’un peuple fatigué, mais qui avait depuis longtemps perdu le goût de dormir. Ils parlaient, si on peut ainsi appeler ces phrases sans origine ni but, ces monologues inachevés, ces dialogues infinis, ces murmures inaudibles, ces exclamations sonores, ces interjections invraisemblables, ces onomatopées géniales, ces emmerdants prêches nocturnes, ces déclarations d’amour minables, ces jurons obscènes. Parler. Non, décidément non, ils bavaient les phrases comme des sauces trop grasses ; et elles coulaient, sans égard, du reste, à quelque sens, seulement préoccupées de sortir et de conjurer ce qui, autrement, leur aurait tenu lieu de mort : le silence, l’effroyable silence qui aurait obligé chacun d’eux à se regarder tel qu’il était vraiment. Ils buvaient du thé, jouaient aux cartes, s’enfonçaient dans l’ennui et l’oisiveté, mais avec un semblant de clasee, avec cette hypocrite élégance qui faisait passer l’impuissance pour un choix que d’aucuns, noblement, nommaient dignité. Mon cul. Dans chaque phrase, chaque geste, ils engageaient tout le poids de leur existence, qui ne pesait rien. La balance de leur destin ne frémissait pas. Son aiguille indiquait toujours le zéro, le néant. Le plus terrible était que cette lutte à mort ne se déroulait pas sur une scène grandiose, digne de ses enjeux ; non : elle se passait dans l’anonymat immense de rues sablonneuses, sales, plongées dans le noir. Tant mieux, ils se seraient tous suicidés s’ils s’étaient vus les uns les autres. C’était déjà assez triste comme ça. Ils attendaient. Dieu seul savait quoi. Godot. Les Barbares. Les Tartares. Les Syrtes. Le vote des bêtes sauvages. « 

 

Mohamed Mbougar Sarr (Dakar, 20 juni 1990)

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