Vikram Seth, Mohamed Mbougar Sarr, Anne Carson

De Indische dichter en schrijver Vikram Seth werd geboren op 20 juni 1952 in Kolkata. Zie ook alle tags voor Vikram Seth op dit blog.

 

A Style Of Loving

Light now restricts itself
To the top half of trees;
The angled sun
Slants honey-coloured rays
That lessen to the ground
As we bike through
The corridor of Palm Drive
We two

Have reached a safety the years
Can claim to have created:
Unconsumated, therefore
Unjaded, unsated.
Picnic, movie, ice-cream;
Talk; to clear my head
Hot buttered rum – coffee for you;
And so not to bed

And so we have set the question
Aside, gently.
Were we to become lovers
Where would our best friends be?
You do not wish, nor I
To risk again
This savoured light for noon’s
High joy or pain.

 

Progress Report

My need has frayed with time; you said it would.
It has; I can walk again across the flood
Of gold sil popples on the straw-gold hills
Under a deep Californian sky that expels
All truant clouds; watch squads of cattle graze
By the radio-telescope; blue-battered jays
Flash raucous squaking by my swivelling head
While squirrels sine-wave past over the dead
Oak-leaves, and not miss you_although I may
Admit that near the telescope yesterday
By a small bushcovered gully I blundered on
Five golden fox-cubs playing in the sun
And wished you had been there to see them play;
But that I only mention by the way.

 

The wind

With no companion to my mood,
Against the wind as it should be,
I walk, but in my solitude
Bow to the wind that buffets me.

 

Vikram Seth (Kolkata, 20 juni 1952)

 

De Franstalige Senegaleseschrijver Mohamed Mbougar Sarr werd geboren in Dakar op 20 juni 1990.

Uit: De purs hommes

« Elle quitta le creux de mon épaule et chercha pendant quelques secondes son téléphone qui s’était perdu entre les oreillers, les draps, la couverture, les habits jetés épars sur le lit, plus tôt, dans la hâte de l’étreinte. Elle revint sur mon torse. La vive lumière de l’écran me brûla les yeux quelques secondes alors qu’elle manipulait le téléphone à quelques centimètres de nos visages. Et plus rien, bientôt, ne fut visible, sauf l’écran. —Nous filons la métaphore de notre époque. Époque d’aveuglement généralisé, où la lumière technologique nous éclaire moins qu’elle ne nous crève les pupilles, plongeant le monde dans une nuit continue et… —T’es un intellectuel, coupa-t-elle, impitoyable. Tout ce que tu viens de dire est peut-être même intéressant. Mais j’y comprends rien. Que dalle. Elle mentait : elle comprenait tout ce que je disais. Mieux : elle parvenait presque toujours à deviner, non, plus encore, à déduire, oui, c’est cela même, déduire tout ce que j’allais dire de la première phrase que je prononçais. Rama_ C’était son nom. Intelligence vive et sauvage, dont l’éclat  l’embarrassait tant que, par une sorte de honte ou de modestie, elle passait sa vie à la réprimer en société. Mais cela faisait déjà longtemps que je ne marchais plus. Je lui arrachai son masque avec rage. —Tu mens. Tu mens comme tu respires. Je le sais. — On se fiche de ce que tu racontes sur l’aveuglement du monde. Si t’es capable de voir que tout le monde est aveuglé, c’est que tu penses ne pas l’être. Tu vois, t’es sûr ? Regarde plutôt ça_ Elle lança la vidéo, qui commençait dans ce tourbillon confus de voix et d’images caractéristique des prises d’amateur : il n’y avait aucun élément de contexte, rien que des voix, des silhouettes, des souffles ; l’auteur de la vidéo n’était donc pas seul, il semblait être au coeur d’une forêt d’hommes ; sa main tremblait, l’image n’était pas nette, mais se stabilisait après quelques secondes ; l’individu qui filmait commença à parler — c’était un homme — et il demandait, autant pour lui-même que pour nous qui regardions la vidéo, ce qui se passait, mais personne ne lui répondait. Il leva un peu le bras, en sorte que l’on détaillât mieux ce qui se passait autour de lui, et on vit une foule qui allait, nombreuse, dense. Des voix éloignées s’élevèrent : « Au cimetière ! Allons au cimetière ! — Au cimetière ? pourquoi ? » interrogea l’homme. La vidéo se troublait encore ; on sentait un changement de rythme, un mouvement plus rapide, comme si, pour suivre la foule, l’homme qui tenait le téléphone s’était mis à courir ; « Pourquoi le cimetière ? répétait-il comme un tourment, pourquoi le cimetière ? » Une fois de plus il ne reçut aucune réponse mais continua à avancer rapidement, et bientôt de rudes voix masculines crièrent : « C’est ici ! C’est celle-là ! »

 

Mohamed Mbougar Sarr (Dakar, 20 juni 1990)

 

De Canadese dichteres, essayiste en vertaalster Anne Carson werd geboren op 21 juni 1950 in Toronto. Zie ook alle tags voor Anne Carson op dit blog.

 

TANGO VII. HERE’S OUR CLEAN BUSINESS NOW LET’S GO DOWN THE HALL TO THE BLACK ROOM WHERE I MAKE MY REAL MONEY

Mythologie is een opgesierd patroon,
een janusbewering,
waarmee je het ene kunt zeggen en iets anders bedoelen, een dubbel leven kunt leiden.
Vandaar het idee in het vroeg-Griekse denken dat alle dichters leugenaars zijn.
En uit ware leugens der poëzie
sijpelde een vraag.

Wat verbindt eigenlijk woorden en dingen?

Niet veel, besloot mijn man
en bleef taal zo gebruiken
als Homerus het van de goden beschrijft.
De goden kennen alle mensenwoorden maar hebben er behalve de onze
een tegengestelde betekenis voor.
Goden draaien naar believen de schakelaar om.

Mijn man loog over alles.

Verdiensten, vergaderingen, vriendinnen,
de geboorteplaats van zijn ouders,
de winkel waar hij zijn overhemden kocht, het spellen van zijn eigen naam.
Hij loog als het nergens voor nodig was.
Hij loog als het hem niet eens gelegen kwam.
Hij loog als hij wist dat men wist dat hij loog.

Hij loog als hij daarmee hun hart brak.

Mijn hart. Haar hart. Ik vraag me vaak af hoe het haar is vergaan.

De eerste.

 

Vertaald door Marijke Emeis

 

Anne Carson (Toronto, 21 juni 1950)

 

Zie voor nog meer schrijvers van de 20e juni ook mijn blog van 20 juni 2020 en eveneens mijn blog van 20 juni 2019 en ook mijn blog van 20 juni 2015 deel 2.

Mohamed Mbougar Sarr

De Franstalige Senegaleseschrijver Mohamed Mbougar Sarr werd geboren in Dakar op 20 juni 1990. Sarr is de zoon van een arts en groeide op in een groot Sérères-gezin in Diourbel in Senegal. Hij volgde middelbaar onderwijs aan de Prytanée militaire (cadettenschool) in Saint-Louis en vertrok daarna naar Frankrijk om verder te studeren. Na afronding van de CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles) aan het lycée Pierre-d’Ailly in Compiègne, werd hij toegelaten tot de École des hautes études en sciences sociales (EHESS) in Parijs. Daar deed hij onderzoek naar Léopold Sédar Senghor, Senegalees staatsman, dichter en filosoof. Hij onderbrak zijn studie toen hij veel fictie ging schrijven. In 2014 verscheen “La Cale” een novelle over de slavenhandel. Voor “Terre ceinte”, zijn eerste roman over het leven in een fictief stadje in de Sahel dat onder het bewind van islamitische jihadistische milities komt te vallen, krijgt hij in 2015 de prix Ahmadou-Kourouma op de boekenbeurs in Genève, de Grand prix du roman métis van de stad Saint-Denis op La Réunion, evenals de Prix du roman métis des lycéens die toegekend wordt door scholieren uit Saint-Denis-de-la-Réunion. Tijdens de Jeux de la Francophonie van 2017 in Ivoorkust ontvangt hij de bronzen medaille in de categorie literatuur voor zijn novelle “Ndënd” (Tamboer in het Wolof). Voor zijn tweede roman, “Silence du chœur”, die het dagelijks leven van Afrikaanse migranten op Sicilië beschrijft, ontving hij de Prix littérature monde van het festival Étonnants Voyageurs in Saint-Malo en de Prix du roman métis des lecteurs de la ville de Saint-Denis van 2018. Sarr is een van de tien schrijvers van het collectieve werk Politisez-vous!, een essay uit 2017 waar ook Hamidou Anne en Fary Ndao aan hebben bijgedragen. In Senegal ontstond een controverse over zijn derde roman “De purs hommes”, een roman over een leraar die met homofobie wordt geconfronteerd. In november 2021 wint hij de Prix Goncourt voor zijn roman “La plus secrète mémoire des hommes”, waarvoor hij zich liet inspireren door het leven van de Malinese schrijver Yambo Ouologuem.

Uit: De purs hommes

« — Tu as vu la vidéo qui circule depuis deux jours ? Je voulais m’endormir ivre de jouissance. C’était raté. Il faut toujours sur cette terre une voix charitable qui vous veuille le plus grand mal : vous ramener à la sobriété. Elle insistait : « Elle est dans presque tous les téléphones du pays. Il paraît même qu’une chaîne de télé l’a diffusée avant d’être interrompue… » Pas le choix : je revins donc à l’espace de ma chambre, où flottaient les senteurs d’aisselles en sueur et de cigarettes, mais où surtout régnait, étranglant les autres odeurs, l’empreinte appuyée du sexe, de son sexe. Signature olfactive unique, je l’aurais reconnue entre mille autres, celle-là, l’odeur de son sexe après l’amour, odeur de haute mer, qui semblait s’échapper d’un encensoir du paradis… La pénombre s’accroissait. L’heure était passée où l’on pouvait encore prétendre la donner. Nuit. Pourtant, des éclats de voix au-dehors refusaient de s’évanouir : voici le choeur diffus d’un peuple fatigué, mais qui avait depuis longtemps perdu le goût de dormir. Ils parlaient, si on peut ainsi appeler ces phrases sans origine ni but, ces monologues inachevés, ces dialogues infinis, ces murmures inaudibles, ces exclamations sonores, ces interjections invraisemblables, ces onomatopées géniales, ces emmerdants prêches nocturnes, ces déclarations d’amour minables, ces jurons obscènes. Parler. Non, décidément non, ils bavaient les phrases comme des sauces trop grasses ; et elles coulaient, sans égard, du reste, à quelque sens, seulement préoccupées de sortir et de conjurer ce qui, autrement, leur aurait tenu lieu de mort : le silence, l’effroyable silence qui aurait obligé chacun d’eux à se regarder tel qu’il était vraiment. Ils buvaient du thé, jouaient aux cartes, s’enfonçaient dans l’ennui et l’oisiveté, mais avec un semblant de clasee, avec cette hypocrite élégance qui faisait passer l’impuissance pour un choix que d’aucuns, noblement, nommaient dignité. Mon cul. Dans chaque phrase, chaque geste, ils engageaient tout le poids de leur existence, qui ne pesait rien. La balance de leur destin ne frémissait pas. Son aiguille indiquait toujours le zéro, le néant. Le plus terrible était que cette lutte à mort ne se déroulait pas sur une scène grandiose, digne de ses enjeux ; non : elle se passait dans l’anonymat immense de rues sablonneuses, sales, plongées dans le noir. Tant mieux, ils se seraient tous suicidés s’ils s’étaient vus les uns les autres. C’était déjà assez triste comme ça. Ils attendaient. Dieu seul savait quoi. Godot. Les Barbares. Les Tartares. Les Syrtes. Le vote des bêtes sauvages. « 

 

Mohamed Mbougar Sarr (Dakar, 20 juni 1990)