De Franse schrijver en journalist Robert Margerit werd geboren op 25 januari 1910 in Brive-la-Gaillarde. Nadat hij zijn middelbare schoolopleiding in Limoges had afgerond hield hij zich bezig met een opleiding tot notaris, maar ook met geschiedenis, literatuur, zwemmen, paardrijden en schilderen, om zich uiteindelijk te ontwikkelen tot een productief schrijver (romans, toneelstukken, kunst- en theaterkritiek, radio-uitzendingen), Vanaf 1931 werkte Margerit als journalist in Limoges en schreef hij vooral voor “La Vie limousine”. In 1937 trouwde hij met Suzanne Hugon, dochter van de historicus en dichter Henri Hugon Creuse en verliet hij Limoges voor Thias. Samen met Georges-Emmanuel Clancier en René Rougerie richtte hij in 1945 het literaire tijdschrift “Centres” op. Begin 1948 werd hij redacteur van “Centrum Populaire”, waarvoor hij na 1952 als columnist actief bleef. Georges-Emmanuel Clancier richtte in Brive in 1991 de vereniging Vrienden van Robert Margerit op. De vereniging publiceert de “Cahiers Robert Margerit”. Voor zijn vierdelige roman “La Révolution”ontving hij de Grand Prix du roman de l’Académie française
Uit: La Révolution
« Ce mois de juin 93 était radieux. Fini, le printemps froid. Toutes les roses de Paris s’épanouissaient, tandis que, sur la place de la Révolution, tombaient à intervalles quelques têtes. Un soir — la lumière s’attardait aux clochers de Saint-Germain-des-Prés —, dans la rue des Anges, toute proche, étroite, déserte et déjà noyée de nuit, un homme en habit sang-de-boeuf vint frapper à la porte d’une maison. On ne répondit point. Il frappa plus fort. Enfin, il entendit un pas descendre avec prudence. L’huis s’entrebâilla, une figure de vieille femme apparut dans le halo d’une chandelle. « L’abbé est-il chez lui ? demanda l’homme en rouge. — Mais, citoyen, vous faites erreur ! Il n’y a pas de prêtre ici. » Haussant ses larges épaules, le visiteur poussa la porte, entra. « Il m’attend, je vous prie de me conduire. — Ah ! Monsieur me pardonnera. On est tenu à tant de précautions, voyez-vous ! » dit la vieille servante en prenant les devants. À sa suite, il monta quatre étages, suivit un couloir étroit, plein de détours, puis il fut introduit dans une soupente. Il y faisait très chaud, la tabatière levée ne laissait guère entrer de fraîcheur. Un prêtre ultramontain était là : l’abbé de Kéravenant, réfractaire rescapé du massacre de l’Abbaye. Posant son bréviaire, il s’avança vers le visiteur. À sa puissante carrure, à son négligé — la cravate relâchée, le jabot froissé —, à sa grosse tête rougeaude, pleine de grêlures, à sa chevelure blonde en crinière, la bouche sensuelle et bonne, l’oeil bleu éclatant, le prêtre reconnut Danton. Il l’attendait, en effet. Cette présence ne l’impressionnait pas moins. « Monsieur l’abbé, lui dit l’effrayant personnage, vous savez pourquoi je suis ici. Serez-vous assez bon pour m’entendre, pour m’absoudre ? — Mettez-vous à genoux, mon fils. » Gauchement, Danton s’agenouilla sur un mauvais prie-Dieu, devant un crucifix pendu au mur, et joignit les mains. Autour du confesseur et de son extraordinaire pénitent, l’ombre, le silence. Le fond de la pièce reculait dans la nuit. La grande voix de bronze se faisait murmure. « Mon père, je m’accuse… » En vérité, il n’était venu que pour pouvoir épouser une enfant de seize ans. Moins de quatre mois après avoir, dans la violence de sa douleur, passionnément étreint le cadavre de sa femme exhumée, il en voulait une autre, une que Gabrielle-Antoinette connaissait et aimait bien : la fille du citoyen Gély, commis aux bureaux de la Marine. Danton lui-même lui avait procuré cet emploi, l’année précédente. Les Gély étaient fort amis des Charpentier. Ils estimaient Danton et lui devaient de la gratitude, mais ils s’effrayaient de donner leur fille à un tel personnage. »
Robert Margerit (25 januari 1910 – 27 juni 1988)
Portret door Edmond Jacquement, 1931