A. M. Homes, Mazarine Pingeot, Viktor Rydberg, Miles Marshall Lewis

De Amerikaanse schrijfster Amy Michael Homes werd geboren op 18 december 1961 in Washington DC. Zie ook alle tags voor A. M. Homes op dit blog.

Uit: Music for Torching

“[Their own home damaged by a fire, Elaine and her husband, Paul, are staying with their suburban neighbors, Pat and George. It is a weekday morning; the kids are at school, the husbands left for work hours ago.]
Elaine is awake. She is embarrassed to have slept late. She lies in the bed thinking that what she has to do now is get up, get dressed, and go home. She has to fix the house, fix herself, and focus on what comes next. She has to plan for the future. Her plan is to go downstairs, have a quick cup of coffee, and then go home.
Pat is in the kitchen. She is on the phone and also ironing. “Good morning,” she whispers to Elaine.
“Morning,” Elaine says.
The coffeepot is on. Elaine pours herself a cup and leans against the counter. Pat is still in her robe. Her hair is a mess. On the table is a bowl of pineapple slices, left over from the night before — no muffins, no warm morning pastries, no fresh-baked bread. Elaine checks the clock — ten A.M. How odd.
Pat in her robe, Pat serving leftovers. If Pat can’t keep it together, who can?
Pat is smiling at Elaine, practically grinning. Why?
“What?” Elaine asks.
“You’re so lovely,” Pat says, and Elaine isn’t sure if Pat is talking to her or the person on the phone.
Elaine sits down with her coffee and begins reading the paper. In the background Pat is ordering lamb. “Page forty-three. Could I have three racks and then one leg?”
Elaine had never heard of anyone having meat mailed to them.
“Over the phone. Door to door. Hardware, underwear, shoes, food, everything,” Pat says as she’s hanging up. “It saves me so much time.” Pat sprays starch on the last of the shirts and digs in, wrestling the wrinkles.“

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A. M. Homes (Washington DC,16 december 1961)

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Mazarine Pingeot, A. M. Homes, Viktor Rydberg, Annette von Droste-Hülshoff

De Franse schrijfster Mazarine Pingeot werd geboren in Avignon op 18 december 1974. Zie ook mijn blog van 18 december 2008 en ook mijn blog van 18 december 2009 en ook mijn blog van 18 december 2010.

 

Uit: Pour Mémoire

Mes parents ont été arrêtés devant mes yeux. Je m’étais éloigné de la route, avec mon frère, sur le chemin de la Croix-aux-filles, pour ramasser des fraises sauvages. Une voiture a vrombi, au loin, de plus en plus proche, puis elle a ralenti. Nous nous sommes tus. J’ai entendu mes parents crier. Je n’ai pas compris leurs mots, mais ils étaient à notre intention, une intention secrète.

Ces derniers mois nous avions élaboré des messages codés (« éloignez-vous », « nous sommes pris », se traduisaient par « Attention mon chapeau » et « Doucement, vous me faîtes mal » ou n’importe quelle variante qui se serait ajustée à la situation). On avait jugé inutile ou irréaliste d’ajouter « J’ai perdu ma chaussure » pour « Je vous aime mes enfants chéris, pensez à moi, ne vous inquiétez, pas notre amour survivra », et toutes ces phrases tristes que je me répétais d’avance dans mes nuits de silence en tenant la main de ma mère. Elle, elle gardait sa peur pour elle, mais ses lèvres se mettaient à trembler dès que des pas résonnaient dans la cage d’escalier et nous tachions de ne pas bouger. Nous attendions, nous attendions que les choses changent, ou peut-être nous attendions notre arrestation.

Ma mère a crié et je n’ai pas saisi ses mots, ce que j’ai saisi c’est : « Restez là où vous êtes, cachés derrière les arbres. » Peut-être y avait-il aussi un adieu dans ses cris, « Je vous aime, pensez à moi lorsque vous serez grands », mais ses cris ont été recouverts par ceux de mon père : « Ne touchez pas à ma femme, laissez-la, elle n’est pas vraiment juive. » C’est la dernière parole que j’ai entendue. Pas vraiment juive. Toujours ce souci d’exactitude chez lui.“

 

Mazarine Pingeot (Avignon, 18 december 1974)

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Mazarine Pingeot, A. M. Homes, Viktor Rydberg, Christopher Fry, Thomas Strittmatter

De Franse schrijfster Mazarine Pingeot werd geboren in Avignon op 18 december 1974. Zie ook mijn blog van 18 december 2008 en ook mijn blog van 18 december 2009.

 

Uit: Mara 

 

„Manuel se dit : il n’y aura pas d’enfant ici. Il n’y aura pas d’enfant né des batailles nocturnes, des coups et des pleurs. Il n’y aura pas de témoin de nos guerres, de nos défaites, il n’y aura pas de victoire, et c’est bien mieux ainsi. Pour moi je ne souhaite aucune victoire. Elle, elle a toujours l’impression de les remporter. Elle croit encore avoir gagné sur quelque chose, sur sa vie ou son destin, elle ne fait que s’y enfoncer un peu plus. Elle lutte, contre elle, contre moi. Elle lutte. Il n’y a que ça qu’elle sache faire. Il n’y aura pas d’enfant.

Mara se dit. Ce n’est pas grave, Manuel ne frappe plus, il s’en prend aux objets, il change, bientôt il sera prêt, nous serons tous les deux prêts, bientôt l’enfant, bientôt la fin des armes.

En bas, Hicham les attend, adossé à sa vieille Mercedes, incapable de dissimuler un sourire amusé, peut-être satisfait. Mara, en le mettant dans la confidence de leur “problème de couple” sans en référer à Manuel, qui lui-même lui en avait livré des bribes, l’a fait entrer dans un jeu dont il ne connaît pas encore la finalité ni les règles, mais qu’il accepte de jouer, relevant malgré lui un défi silencieux que personne n’a lancé, mais qui plane de façon dangereuse. Un jeu très peu ludique, et pourtant un jeu.

Mara monte devant. Elle ne veut rien rater de la route qui mène à Sidi Mhait. Peut-être au retour de la promenade la vie ne sera-t-elle plus la même. Mara interroge ce qu’elle voit, et ce qu’elle voit a depuis quelques temps l’allure de signe, le nombre d’ânes croisés compte, pigeon noir ou pigeon blanc, chaque visage annonce un événement, tout est signe. Une puissance obscure habite les êtres et les objets, elle estompe les frontières, entre les morts et les vivants, ceux qui un jour pourraient naître, ceux que l’on ne connaît pas mais que l’on a fortement désirés, imaginés, inventés, entre les parents les enfants les frères les sœurs les Arabes et les Occidentaux, les hommes et les femmes.“

 


Mazarine Pingeot (Avignon, 18 december 1974)

 

 

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