Thomas Schlesser

De Franse schrijver en kunsthistoricus Thomas Schlesser werd geboren in Parijs op 8 december 1977. Sinds 2014 is hij ook hoogleraar aan de École Polytechnique. Eerder was hij journalist voor het tijdschrift Beaux Arts en Radio Nova. In 2006 voltooide Thomas Schlesser een doctoraat in geschiedenis en beschavingen aan de l’École des hautes études en sciences sociales over de kunstenaar Gustave Courbet. Zijn proefschrift is gepubliceerd onder de titel “Réceptions de Courbet, fantasmes réalistes et paradoxes de la démocratie »(Les Presses du Réel, 2007). Thomas Schlesser wijdt zich meer specifiek aan de verbanden tussen “de esthetische en politieke velden”. Hij heeft met name studies gepubliceerd over de karikatuur, censuur en, als onderdeel van een Centre d’Histoire de Sciences-Po-beurs, over de carrière van de Lyonese kunstenaar Paul Chenavard. Hij werkte ook bij het Rijksinstituut voor Kunstgeschiedenis als studie- en onderzoeksmedewerker (2002-2006) en vervolgens als resident (2010). Sinds 2014 staat Thomas Schlesser aan het hoofd van de Hartung-Bergman Foundation in Antibes, waar hij François Hers opvolgde. Als auteur van verschillende essays werd hij in november 2017 beloond met de Prix Bernier , uitgereikt door de Academie voor Schone Kunsten, voor zijn boek “L’Univers sans l’homme” (2016). In 2019 publiceerde Thomas Schlesser “Faire rêver – e l’art des Lumières au cauchemar publicitaire” en stelde het concept van ‘oneirogeniciteit’ voor, geïnspireerd door Jean Starobinski, om in de kunst aan te duiden ‘datgene wat dromen voortbrengt, of de neiging heeft dagdromen, dromen en visioenen te produceren. Thomas Schlesser publiceerde de eerste biografie van de Frans-Noorse kunstenaar Anna-Eva Bergman (Anna-Eva Bergman.  Schlesser is de kleinzoon van de zanger, cabaretier van zigeuneroorsprong André Schlesser, en de zoon van de schrijver Gilles Schlesser en Françoise Schlesser.  “Les Yeux de Mona”, uitgegeven door Albin Michel op 31 januari 2024, is de tweede roman van Thomas Schlesser na “La Vierge maculé” uit 2003. Deze vertelt het verhaal van een klein meisje dat blind dreigt te worden en dat haar grootvader een jaar lang meenam naar Parijse musea (in de volgorde: Het Louvre, Orsay, Beaubourg) zodat ze zich kon onderdompelen in het werk, van Botticelli tot Soulages, en dat ze de schoonheid ervan in herinnering houdt. Het boek werd over het algemeen gunstig onthaald door de pers. Drie maanden na de release in Frankrijk werden er meer dan 160.000 exemplaren van verkocht en werd het in 37 talen vertaald. Het boek wordt ook in braille uitgegeven.

Uit: Les Yeux de Mona

« Tout devint sombre. Ce fut comme un habit de deuil. Et puis, çà et là, des scintillements, à la façon des taches que produit le soleil quand les yeux le fixent en vain derrière les paupières serrées, de même qu’on serre le poing pour résister à la douleur ou à l’émotion.
Bien sûr, elle n’avait pas du tout décrit la chose ainsi. Dans la bouche d’une enfant de dix ans, fraîche et inquiète, la détresse se formule sèchement, sans fioriture ni lyrisme.
– Maman, c’est tout noir !
Mona avait lancé ces mots d’une voix étranglée. Une plainte ? Oui, mais pas seulement. Elle y avait, malgré elle, glissé un accent de honte que sa mère, chaque fois qu’elle l’identifiait, prenait avec gravité. Car s’il était bien quelque chose que Mona ne feignait jamais, c’était la honte. À peine celle-ci se nichait-elle dans un mot, une attitude, une intonation, que le sort en était jeté : une vérité désagréable avait pénétré.
– Maman, c’est tout noir !
Mona était aveugle.
L’effet semblait dépourvu de cause. Rien de particulier ne s’était passé ; elle travaillait sagement à ses mathématiques, un stylo dans la main droite, un cahier coincé sous la paume gauche, à l’angle de la table où sa mère truffait d’ail un rôti bien gras. Mona était en train de retirer délicatement de son cou un pendentif qui la gênait parce qu’il se balançait au-dessus de sa feuille d’exercices et qu’elle avait pris la mauvaise habitude de se voûter pour écrire. Elle sentit une ombre lourde s’abattre sur ses deux yeux, comme s’ils étaient punis d’être si bleus, si grands, si purs. L’ombre ne vint pas du dehors, ainsi qu’elle vient communément, quand la nuit tombe ou quand les lumières d’un théâtre baissent d’intensité ; l’ombre s’empara de sa vue depuis son propre corps, depuis l’intérieur. En elle-même s’était insinuée une nappe opaque qui l’avait coupée des polygones tracés sur son cahier d’écolière, de la table en bois brun, du rôti posé plus loin, de sa mère en tablier blanc, de la cuisine carrelée, de son père assis dans la pièce à côté, de l’appartement de Montreuil, du ciel grisé de l’automne qui surplombait les rues, du monde entier. L’enfant, par un sortilège, plongeait dans les ténèbres.
Fébrile, la mère de Mona téléphona au médecin de famille. Elle décrivit confusément les pupilles voilées de sa fille et précisa, parce que le docteur le lui demandait, qu’elle ne semblait souffrir d’aucun trouble du langage, ni de paralysie. »

 


Thomas Schlesser (Parijs, 8 december 1977)