De Franse schrijver en journalist Patrick Besson werd geboren op 1 juni 1956 in Montreuil. Zie ook mijn blog van 1 juni 2009 en alle tags voor Patrick Besson op dit blog.
Uit: Les Frères de la consolation
« Le soleil lui fracassait le crâne à lents et lourds coups de massue. La sueur qui coulait sur ses tempes et ses joues était douce, tiède et rapide comme du sang. La chaleur était si forte qu’elle le faisait frissonner. S’il se trouvait là, c’était à cause de Macropoulos, car les Turcs attaquaient de préférence la nuit, peut-être parce que ça leur rappelait la prise de Constantinople, mais d’abord parce qu’à la guerre, au contraire de la paix, on choisit ses heures de travail, et que la nuit il fait frais, c’est plus agréable pour se battre. Les Turcs aimaient leurs aises. Milo ne les haïssait plus : il en avait trop tué. Trente ? Cinquante ? Cent ? Au moins cinquante. En moyenne : un par mois. Il aurait dû faire la liste. Après la guerre, c’est-à-dire hier, il l’aurait déposée, avec un petit bouquet de coquelicots, sur la tombe de sa femme Theodora, violée, égorgée et violée de nouveau par l’émir Ben Kouri le 27 janvier 1825 à Dafnio, dans le sud du Péloponnèse. Il se serait peut-être autorisé un léger sourire et aurait chuchoté : « Voilà, ma chérie, cinquante Turcs tués de ma main. Avant-hier, j’ai eu l’occasion d’en tuer encore un mais je ne l’ai pas fait car je préférais un compte rond, et la paix était signée. » Non, plus de haine, c’était fini. Une vague gêne dans la main droite, oui. « La crampe de l’assassin », lui avait écrit, de Belgrade, son frère Srdjan, qui prétendait avoir un jour assez d’esprit pour être capable de régner sur les salons parisiens de la Restauration.
Ce qu’aimait Macropoulos – « le général Macropoulos », comme l’appelaient les journaux étrangers, alors que dans le campement on lui donnait plutôt du Mikis ou du Mike quand c’était Hamilton qui lui parlait -, c’étaient les belles et franches attaques au milieu du jour, dans la torpeur de la canicule.Il disait que les Turcs étaient furieux qu’on les dérangeât pendant la sieste et que pour bien se battre il ne fallait pas être furieux mais en colère. Au-delà de la colère, on ne voit rien ? et en deçà, on en voit trop. C’était dans Homère.”
Patrick Besson (Montreuil, 1 juni 1956)
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