De Franse schrijver en uitgever Éric Reinhardt werd geboren op 2 april 1965 in Nancy. Reinhardt groeide op in een gezin uit de middenklasse, ongeveer 30 kilometer van Parijs, in Corbeil-Essonnes. Hij volgde voorbereidende lessen in Parijs aan het Collège-lycée Jacques-Decour voordat hij ging studeren aan de ISG Business School met als doel werk te vinden in de uitgeverswereld. Bij ISG schreef hij een eerstejaarsscriptie over de uitgeverscommissie van Gallimard en een scriptie over Éditions P.O.L. Na de voltooiing van zijn studie begon Reinhardt te werken in de uitgeverij voordat hij zich specifiek toelegde op het uitgeven van kunstboeken. Hij werkte bij uitgeverijen Le Castor astral, Albin Michel, Flohic Éditions en Éditions Hazan. Reinhardt begon met schrijven terwijl hij in de uitgeverij werkte en publiceerde in 1998 zijn eerste roman “Demi-sommeil” bij Actes-Sud. “Demi-sommeil” onderzocht de omgang met het verlies van de kindertijd en de liefde. “Le Moral des ménages”, gepubliceerd in 2002 is een kritiek op de middenklasse. “Existence” (2004), ”Cendrillon” (2007) en “Le Système Victoria” (2011) gingen in deze geest verder. Onderwerpen die aan bod kwamen waren onder meer de mondialisering, de mondiale financiën en het dictaat van sociale prestaties. “L’Amour et les forêts” (2014), Reinhardts eerste roman uitgegeven door Gallimard, vertegenwoordigde een verandering van onderwerp naar de wereld van het intieme in de geest van Gustave Flaubert en Guy de Maupassant. Deze roman, waarvan meer dan 100.000 exemplaren werden verkocht, won in 2014 zowel Le Prix Renaudot des lycéens als Le Prix Roman France Télévisions. “La Chambre des époux” (2017), een mix van waarheid en fictie, behandelde de ervaring van zijn vrouw met borstkanker en zijn angst haar te verliezen. “Comédies françaises” (2020) is een roman gebaseerd op echte gebeurtenissen over de ontwikkeling van het internet en de impact van lobbyist Ambroise Roux die Valery Giscard d’Estaing ervan overtuigde de Franse inspanningen stop te zetten op basis van de ideeën van Louis Pouzin. “Comédies françaises » werd genomineerd voor de Prix littéraire du Monde, de Prix Interallié, de Prix Medicis en won de Prix Les Inrockuptibles ex aequo met Constance Debré’s « Love me tender ». In 2023 verschijnt de roman “Sarah, Susanne et l’écrivain” het verhaal over de ineenstorting van een vrouw die wordt geconfronteerd met de onverschilligheid en het egoïsme van haar echtgenoot.
Uit: Sarah, Susanne et l’écrivain
“Sarah lui demanda comment il imaginait Susanne Stadler, puisque c’était le nom qu’il lui avait choisi. Qui est cette femme, finalement ? lui demanda-t-elle.
II lui répondit qu’elle avait le même âge qu’elle, quarante-quatre ans au moment des faits, il n’avait pas modifié la date de naissance. Elle était brune et grande elle aussi, mariée et mère de deux enfants, Luigi et Paloma, de dix-sept et vingt et un ans Les vrais prénoms, comme elle le lui avait de-mandé, n’avaient pas été conservés. Il avait également changé la ville. Susanne Stadler habitait Dijon.
Elle lui demanda pourquoi Dijon. Plutôt que Lens, Toulouse, Nancy, Clermont-Ferrand, que sais-je encore…
Il lui répondit qu’initialement, il avait voulu situer cette histoire dans le ventre du territoire français (si l’on peut dire), pour activer une sorte de mé-tonymie. L’idée de l’isolement par ce point géométrique où l’on est le plus éloigné des pourtours, c’est ce que lui évoquait la situation de son héroïne et il avait cherché la ville qui par sa position géographique accentuerait cette impression. II avait tapé France sur Google, il avait ouvert la carte, il avait posé son curseur sur la zone où il lui semblait que devait se dérouler cette histoire, il avait cliqué dessus et le nom d’une ville était apparu 63610 Besse-et-Saint-Anastaise. Il s’y était rendu. II avait visité les envi-rons. Il était parti en quête d’autres villes. Il voulait multiplier les hypo-thèses. On ne choisit pas une ville à la légère. Il était allé en repérages à Bourges, il était allé en repérages à Nevers, il était allé en repérages à Vichy, il était allé en repérages à Clermont-Ferrand. Il avait arpenté leurs rues, repéré des quartiers où Susanne Stadler pourrait habiter. Dans ces dif-férentes villes, il avait localisé des immeubles répondant aux besoins de la situation telle que Sarah la lui avait décrite. Il avait noté leurs adresses, pris des photographies des façades, spéculé sur la disposition des pièces. L’ap-partement où logerait la famille de Susanne Stadler devait compter de grandes et de nombreuses fenêtres, afin que l’on puisse suivre de l’une à l’autre depuis la rue l’évolution des habitants dans leur logement, avec suf-fisamment de recul et sans trop s’exposer aux regards, comme Sarah en avait elle-même fait l’expérience. Il avait hésité entre plusieurs villes. Cela avait duré longtemps. Plusieurs mois. II était du genre indécis. Il l’avait tou-jours été. Pas elle?”