De Franse schrijfster en zeilster Isabelle Autissier werd geboren op 18 oktober 1956 in Parijs. Op de leeftijd van zes jaar begon Autissier, aangemoedigd door haar vader Jean met zeilen. Op haar twaalfde nam ze de beslissing om alleen rond de wereld te varen, en begon zij met de eerste planning en voorbereiding. In 1978 voltooide zij haar opleiding als ingenieur voor mariene wetenschappen en visserijonderzoek. In 1986 voer zij met het 30 voet (ongeveer 9 meter) lange stalen jacht “Parole” alleen over de Atlantische Oceaan. 1991 lukte het haar in het kader van de 7e BOC Challenge rond de wereld te varen. Bij haar derde deelname aan de regatta Around Alone 1999 kreeg Autissier een ernstig ongeluk en besloot zij nooit meer aan een dergelijke wedstrijd deel te nemen. Isabelle Autissier kreeg ook bekendheid als schrijfster. Na een aantal verhalen, essays, en een opera libretto, “Homo Loquax” publiceerde zij haar eerste roman in 2009, “Seule la mer s’en souviendra”, In december 2009 werd ze verkozen tot voorzitter van de Franse tak van het World Wide Fund for Nature. Sinds 2012, presenteert zij elke zondag op France Inter “Les récits d’Isabelle Autissier”.
Uit: Soudain, seul
« Ils sont partis tôt. la journée promet d’être sublime comme savent parfois l’être ces latitudes tourmentées, le ciel d’un bleu profond, liquide, de cette transparence particulière aux Cinquantièmes Sud. Pas une ride à la surface, Jason, leur bateau, semble en apesanteur sur un tapis d’eau sombre. Les albatros, en panne de vent, pédalent doucement autour de k coque. Ils ont tiré l’annexe bien haut sur k grève et longé l’ancienne base baleinière. Les tôles rouillées, dorées par le soleil, ont un petit air guilleret, mêlant les ocres, les fauves et les roux. Abandonnée des hommes, la station est réinvestie par les bêtes, celles-là mêmes que l’on a si longtemps pourchassées, assommées, éventrées, mises à cuire dans les immenses bouilleurs qui, maintenant, tombent en ruine. Au détour de chaque tas de briques, dans les cabanes écroulées, au milieu d’un fouillis de tuyaux qui ne vont plus nulle part, des groupes de manchots circonspects, des familles d’otaries, des éléphants de mer se prélassent Ils sont restés un bon moment les contempler et c’est tard dans la matinée qu’ils ont commencé à remonter la vallée. « Trois bonnes heures », leur avait dit Hervé, l’une des rares personnes à être jamais venues ici. Sur Pile, dès que l’on s’éloigne de la plaine côtière, on quitte le vert. Le monde devient minéral ; rochers, falakeq, pics couronnés de glaciers. Ils vont d’un bon pas, s’esclaffant comme des collégiens en vadrouille, devant la couleur d’une pierre, la pureté d’un ruisseau. Arrivés au premier ressaut, avant de perdre k mer de vue, ils font une autre pause. C’est si simple, si beau, quasi indicible. La baie encerclée de tombants noirâtres, l’eau qui scintille comme de l’argent brassé sous la légère brise qui se lève, la tache orangée de k vieille station et le bateau, leur brave bateau, qui semble dormir, les ailes repliées, pareil aux albatros du malin. Au large, des mastodontes immobiles, blanc-bleu, luisent dans la lumière. Rien n’est plus paisible qu’un iceberg par temps calme. Le ciel se zèbre d’immenses griffures, nuages sans ombre de haute altitude, que le soleil ourle d’or. Ils restent longtemps fascinés, savourant cette vision. Sans doute un peu trop longtemps. Louise note que ça grisaille dans l’ouest et ses antennes de montagnarde se déplient, en alerte. »
Isabelle Autissier (Parijs, 18 oktober 1956)