Jean Carrière, Alfred Lord Tennyson, Paul Claudel

De Franse schrijver en essayist Jean Carrière werd geboren op 6 augustus 1928 in Nîmes. Zie ook mijn blog van 6 augustus 2009 en ook mijn blog van 6 augustus 2010.

 

Uit: L’épervier de Maheux

 

 « Eh bien quoi, la pauvreté? Vous avez tous ce mot-là à la bouche. Comme s’il ne vaut pas mieux manger un fruit sauvage assis devant sa porte et en étant un homme libre, que de se nourrir de langouste en prison ; car enfin, ne me dites pas que ces gens-là ne sont pas en prison. Ne me dites pas que ces gens-là sont heureux. Ils ont beau être habillés comme des milords, rouler en voiture, aller au cinéma, faire des tas de trucs extraordinaires, ils ont l’air triste, ils sont toujours malades, ou en colère après quelqu’un : ils se battent pour un oui ou pour un non, des guerres et des révolutions en veux-tu en voilà ; quand on les voit marcher dans la rue, collés les uns contre les autres, on se demande où ils vont, en tout cas ça n’a pas l’air de leur faire plaisir, d’aller là où ils vont et de faire ce qu’ils font, et c’est peut-être pour ça qu’à la fin ils se battent. Ils se battent parce qu’ils s’ennuient, et ils veulent qu’on aille se battre à leur côté ; ils n’ont qu’à se battre tout seuls si ça leur chante : est-ce qu’ils s’intéressent à nous, le reste du temps? L’été on en voit rappliquer quelques-uns par ici, ils se promènent dans la forêt, ils laissent traîner des papiers gras, des fois ils mettent le feu, et ils disent en regardant les montagnes : que c’est beau, ah ! que c’est beau ! Qu’est-ce que ça veut dire : c’est beau ? Ils disent n’importe quoi. »

 

 


Jean Carrière (6 augustus 1928 – 7 mei 2005)

De Engelse dichter Alfred, Lord Tennyson werd geboren op 6 augustus 1809 in Somersby, Lincolnshire, England. Zie ook mijn blog van 6 augustus 2006 en ook mijn blog van 6 augustus 2007 en ook mijn blog van 6 augustus 2008 en ook mijn blog van 6 augustus 2009 en ook mijn blog van 6 augustus 2010.

 

 

The Brook

 

I COME from haunts of coot and hern,

I make a sudden sally,

And sparkle out among the fern,

To bicker down a valley.

 

By thirty hills I hurry down,

Or slip between the ridges,

By twenty thorps, a little town,

And half a hundred bridges.

 

Till last by Philip’s farm I flow

To join the brimming river,

For men may come and men may go,

But I go on forever.

 

I chatter over stony ways,

In little sharps and trebles,

I bubble into eddying bays,

I babble on the pebbles.

 

With many a curve my banks I fret

by many a field and fallow,

And many a fairy foreland set

With willow-weed and mallow.

 

I chatter, chatter, as I flow

To join the brimming river,

For men may comeand men may go,

But I go on forever.

 

I wind about, and in and out,

with here a blossom sailing,

And here and there a lusty trout,

And here and there a grayling,

 

And here and there a foamy flake

Upon me, as I travel

With many a silver water-break

Above the golden gravel,

 

And draw them all along, and flow

To join the brimming river,

For men may come and men may go,

But I go on forever.

 

I steal by lawns and grassy plots,

I slide by hazel covers;

I move the sweet forget-me-nots

That grow for happy lovers.

 

I slip, I slide, I gloom, I glance,

Among my skimming swallows;

I make the netted sunbeam dance

Against my sandy shallows.

 

I murmur under moon and stars

In brambly wildernesses;

I linger by my shingly bars;

I loiter round my cresses;

 

And out again I curve and flow

To join the brimming river,

For men may come and men may go,

But I go on forever.

 

 



Alfred Tennyson (6 augustus 1809 – 6 oktober 1892)

Portret door John Everett Millais (detail)

 

 

 

De Franse dichter, schrijver en diplomaat Paul Claudel werd geboren op 6 augustus 1868 in Villeneuve-sur-Fère. Zie ook mijn blog van 6 augustus 2007en ook mijn blog van 6 augustus 2008 en ook mijn blog van 6 augustus 2009 en ook mijn blog van 6 augustus 2010.

 

 

Car à quoi servent les pieds

 

Car à quoi servent les pieds …

triangle

Car à quoi servent les pieds sinon à se joindre à la course qui les entraîne? et le coeur

Sinon à compter le temps et attendre la seconde imminente?

Et la voix, sinon à joindre la voix qui a commencé avant elle?

Et la vie, sinon à être donnée? et la femme, sinon à être une femme entre les bras d’un homme?

 

Et un bateau, dites, avec tous ses compartiments, avec toutes ces portes que l’on peut ouvrir et fermer,

Quel beau joujou! C’est comme une boîte de naturaliste avec sa récolte.

Toutes les espèces ensemble!

C’est drôle de voir comment ils s’approchent et se reconnaissent, ces espèces d’antennes qu’ils se promènent sur la figure,

De remarquer comment ils sont costumés, peignés chaussés, cravatés,

Le livre qu’ils tiennent à la main, leurs ongles, la forme de leurs oreilles,

Le bout de la langue qui apparaît entre les deux lèvres comme une grosse amande!

Rien qu’une main

Qui s’ouvre et qui s’agite, comme c’est affairé avec ses petits doigts! Comme on comprend ce qu’elle dit!

 

 



Paul Claudel (6 augustus 1868 – 23 februari 1955)