Claude Tillier

De Franse schrijver Claude Tillier werd geboren in Clamecy, Nièvre, op 11 april 1801 als zoon van een goed opgeleide slotenmaker. Hij studeerde aan het lycée van Bourges dankzij een subsidie ​​die door de stad Clamecy werd verleend. Na zijn baccalauraat dat in 1820 werd behaald, werkte hij als studiebegeleider, eerst aan het college van Soissons, vervolgens in Parijs. Van 1822 tot 1827 was hij in militaire dienst, waarbij hij in 1823 deelnam aan een expeditie naar Spanje. Bij zijn terugkeer naar Clamecy trouwde hij en in 1828 werd hij leraar, maar de onderwijsmethoden bevielen hem niet. Hij startte een particuliere school en tegelijkertijd riep hij in 1831 de krant L’Indépendant in het leven. In 1832 raakte hij in conflict met het Kantonale Comité voor Openbare Onderwijs en stapte hij uit de directie van de school. Vanaf 1841 vervolgde hij zijn werkzaamheden als privéleraar. Hij verliet Clamecy om zich in Nevers te vestigen, waar hij redacteur werd van L’Association, een democratische krant die twee maal per week verscheen. Vanaf 1842 begon hij in de L’Association zijn meesterwerk, “Mon oncle Benjamin”, een roman in briefvorm, te publiceren. Vanaf juni 1843 publiceerde Tillier ook pamfletten, met een oplage van 400 tot 500 exemplaren, waarin hij de notabelen van Nevers en het departement bekritiseerde. Sinds zijn militaire dienst was Tilliers gezondheid echter aangetast, Hij stierf op 12 oktober 1844.

Uit:Mon oncle Benjamin

“Je ne sais pas, en vérité, pourquoi l’homme tient tant à la vie. Que trouve-t-il donc de si agréable dans cette insipide succession des nuits et des jours, de l’hiver et du printemps? Toujours le même ciel, le même soleil; toujours les mêmes prés verts et les mêmes champs jaunes; toujours les mêmes discours de la couronne, les mêmes fripons et les mêmes dupes. Si Dieu n’a pu faire mieux, c’est un triste ouvrier, et le machiniste de l’Opéra en sait plus que lui. Encore des personnalités, dites-vous, voilà maintenant que vous faites des personnalités contre Dieu. Que voulez-vous! Dieu est, à la vérité, un fonctionnaire et un haut fonctionnaire encore, bien que ses fonctions ne soient pas une sinécure. Mais je n’ai pas peur qu’il aille réclamer contre moi à la jurisprudence Bourdeau des dommages-intérêts, de quoi faire bâtir une église, pour le préjudice que j’aurai porté à son honneur. Je sais bien que messieurs du parquet sont plus chatouilleux à l’égard de sa réputation qu’il ne l’est lui-même; mais voilà précisément ce que je trouve mauvais. En vertu de quel titre ces hommes noirs s’arrogent-ils le droit de venger des injures qui lui sont toutes personnelles? Ont-ils une procuration signée Jéhovah qui les y autorise?
Croyez-vous qu’il soit bien content quand la police correctionnelle lui prend dans la main son tonnerre et en foudroie brutalement des malheureux, pour un délit de quelques syllabes? Qu’est-ce qui prouve d’ailleurs, à ces messieurs, que Dieu a été offensé? Il est là présent, attaché à sa croix, tandis qu’ils sont, eux, dans leur fauteuil. Qu’ils l’interrogent; s’il répond affirmativement, je consens à avoir tort. Savez-vous pourquoi il a fait choir du trône la dynastie des Capets, cette vieille et auguste salade de rois qu’avait imprégnée tant d’huile sainte? Je le sais, moi, et je vais vous le dire. C’est parce qu’elle a fait la loi sur le sacrilège. Mais ce n’est pas là la question. Qu’est-ce que vivre? Se lever, se coucher, déjeuner, dîner, et recommencer le lendemain. Quand il y a quarante ans qu’on fait cette besogne, cela finit par devenir bien insipide. Les hommes ressemblent à des spectateurs, les uns assis sur le velours, les autres sur la planche nue, la plupart debout, qui assistent tous les soirs au même drame, et bâillent tous à se détraquer la mâchoire; tous conviennent que cela est mortellement ennuyeux, qu’ils seraient beaucoup mieux dans leur lit, et cependant aucun ne veut quitter sa place. Vivre, cela vaut-il la peine d’ouvrir les yeux? Toutes nos entreprises n’ont qu’un commencement; la maison que nous édifions est pour nos héritiers; la robe de chambre que nous faisons ouater avec amour, pour envelopper notre vieillesse, servira à faire des langes à nos petits-enfants. Nous nous disons: Voilà la journée finie; nous allumons notre lampe, nous attisons notre feu; nous nous apprêtons à passer une douce et paisible soirée au coin de notre âtre: pan! pan! quelqu’un frappe à la porte; qui est là? c’est la mort:”

 
Claude Tillier (11 april 1801 – 12 oktober 1844)
Borstbeeld in Clamecy