Montesquieu, Henry Austin Dobson, Ioan Slavici, Saint-Martin, Madame de Lafayette

De Franse schrijver en filosoof Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesqieu werd geboren op 18 januari 1689 op het kasteel La Brède bij Bordeaux. Zie ook alle tags voor Montesquieu op dit blog.

Uit  Lettres Persanes

« Lettre VI. Usbek à son ami Nessir, à Ispahan
A une journée d’Erivan, nous quittâmes la Perse pour entrer dans les terres de l’obéissance des Turcs. Douze jours après, nous arrivâmes à Erzeron, où nous séjournerons trois ou quatre mois.
Il faut que je te l’avoue, Nessir: j’ai senti une douleur secrète quand j’ai perdu la Perse de vue, et que je me suis trouvé au milieu des perfides Osmanlins. A mesure que j’entrais dans les pays de ces profanes, il me semblait que je devenais profane moi-même.
Ma patrie, ma famille, mes amis se sont présentés à mon esprit; ma tendresse s’est réveillée; une certaine inquiétude a achevé de me troubler, et m’a fait connaître que, pour mon repos, j’avais trop entrepris.
Mais ce qui afflige le plus mon coeur, ce sont mes femmes: je ne puis penser à elles que je ne sois dévoré de chagrins.
Ce n’est pas, Nessir, que je les aime: je me trouve à cet égard dans une insensibilité qui ne me laisse point de désirs. Dans le nombreux sérail où j’ai vécu, j’ai prévenu l’amour et l’ai détruit par lui-même; mais, de ma froideur même, il sort une jalousie secrète, qui me dévore. Je vois une troupe de femmes laissées presque à elles-mêmes; je n’ai que des âmes lâches qui m’en répondent. J’aurais peine à être en sûreté si mes esclaves étaient fidèles. Que sera-ce, s’ils ne le sont pas? Quelles tristes nouvelles peuvent m’en venir dans les pays éloignés que je vais parcourir! C’est un mal où mes amis ne peuvent porter de remède: c’est un lieu dont ils doivent ignorer les tristes secrets. Et qu’y pourraient-ils faire? N’aimerais-je pas mille fois mieux une obscure impunité qu’une correction éclatante? Je dépose en ton coeur tous mes chagrins, mon cher Nessir; c’est la seule consolation qui me reste dans l’état où je suis.
D’Erzeron, le 10 de la lune de Rebiab 2, 1711.”

 

 
Montesquieu (18 januari 1689 – 10 februari 1755)
Portret in de Académie de Bordeaux

 

De Engelse dichter en essayist Henry Austin Dobson werd geboren op 18 januari 1840 in Plymouth. Zie ook alle tags voor Henry Austin Dobson op dit blog.

 

My Little Boy That Died

Look at his pretty face for just one minute !
His braided frock and dainty buttoned shoes,
His firm-shut hand, the favorite plaything in it,
Then, tell me, mothers, was it not hard to lose
And miss him from my side,—
My little boy that died?

How many another boy, as dear and charming,
His father’s hope, his mother’s one delight,
Slips through strange sicknesses, all fear disarming,
And lives a long, long life in parents’ sight
Mine was so short a pride:
And then—my poor boy died.

I see him rocking on his wooden charger;
I hear him pattering through the house all day;
I watch his great blue eyes grow large and larger,
Listening to stories, whether grave or gay
Told at the bright fireside—
So dark now, since he died.

But yet I often think my boy is living,
As living as my other children are.
When good-night kisses I all round am giving
I keep one for him, though he is so far.
Can a mere grave divide
Me from him—though he died?

So, while I come and plant it o’er with daisies
(Nothing but childish daisies all year round)
Continually God’s hand the curtain raises,
And I can hear his merry voice’s sound,
And I feel him at my side
My little boy that died.

 

 
Henry Austin Dobson (18 januari 1840 – 2 september 1921)
In 1905

 

De Roemeense schrijver en journalist Ioan Slavici werd geboren op 18 januari 1848 in Siria. Zie ook alle tags voor Ioan Slavici op dit blog.

Uit: Popa Tanda (Vertaald door Lucy Byng)

“The long and the short of it was that Father Trandafir was sent from Butucani to Saraceni—to promote a good understanding among the faithful. Priest in Saraceni! Who knows what that means to be priest in Saraceni? That is what befell Father Trandafir! Who would fain leap the ditch throws his bag over it first. Father Trandafir only had a wife and two children; his bag was empty. That was why he leaped so unwillingly from Butucani to Saraceni.
In the “Dry Valley” there was a village which they called “Saraceni.” A village called “poor” in a “dry” valley; could any place have a more unpleasant name?
The Dry Valley!
“Valley” because the place was shut in between mountains; “dry,” because the stream, which had cut its way through the middle of the valley, was dry most of the year.
This was how the valley lies.
To the right stood a hill called “Rîpoasa.” On the left were three other hills, called “Fatza,” “Grofnitza,” and “Alunish.” Rîpoasa was rocky. Fatza was cultivated; the village stood on Grofnitza, while on Alunish lay the village graveyard among hazel and birch trees. Thus it lay to right and left, but the chief feature of the landscape stood at the bottom. Here rose the mountains—from there, came what did come.
The other side, beyond Rîpoasa was the Rapitza Valley—a much deeper valley than the Dry Valley, and so called because the Rapitza flowed through it. The Rapitza was a treacherous river, especially in the spring, and the stream in the Dry Valley was a branch of the Rapitza. In the spring, when the snow melted on the mountains, the Rapitza got angry and poured part of her fury into the branch that flowed through the Dry Valley, and the latter ceased to be “dry.”

 

 
Ioan Slavici (18 januari 1848 – 17 augustus 1925)

 

De Franse dichter, schrijver en filosoof Louis-Claude de Saint-Martin werd geboren op 18 januari 1743 te Amboise (Indre-et-Loire). Zie ook alle tags voor Louis-Claude de Saint-Martin op dit blog.

Uit: L’homme de désir (Fragment)

« Ainsi tous les rayons de ta parole font briller aux yeux du sage ta lumiere vivante et sacrée ; il voit ton action produire et animer tout l’univers. Objets sublimes de mes cantiques, je serai souvent forcé de détourner ma vue de dessus vous. L’homme s’est cru mortel parce qu’il a trouvé quelque chose de mortel en lui ; et même celui qui donne la vie à tous les êtres, l’homme l’a regardé comme n’ayant ni la vie, ni l’existence. Et toi, Jérusalem, quels reproches n’ont pas à te faire les prophetes du seigneur. tu as pris ce qui servoit à te parer, dit le seigneur, et qui étoit fait de mon or et de mon argent, que je t’avois donnés ; tu en as formé des images d’hommes auxquelles tu t’es prostituée .
Cris de la douleur, mêlez-vous à mes chants d’alégresse ; la joie pure n’est plus faite pour le triste séjour de l’homme. Des preuves irrésistibles sur les vérités premieres, n’ont-elles pas déja été manifestées aux nations ? S’il vous reste des doutes, allez vous purifier dans ces sources. Puis vous reviendrez unir votre voix à la mienne ; et nous célébrerons ensemble les joies de l’homme de desir, qui aura eu le bonheur de pleurer pour la vérité. »

 

 
Louis-Claude de Saint-Martin (18 januari 1743 – 13 oktober 1803)

 

De Franse schrijfster Madame de Lafayette werd geboren op 18 januari 1634 in Parijs. Zie ook alle tags voor Madame de Lafayette op dit blog.

Uit: La princesse de Clèves

« – Vous versez bien des pleurs, Madame, lui dit-il, pour une mort que vous causez, et qui ne vous peut donner la douleur que vous faites paraître. Je ne suis plus en état de vous faire des reproches, continua-t-il avec une voix affaiblie par la maladie et par la douleur ; mais je meurs du cruel déplaisir que vous m’avez donné. Fallait-il qu’une action aussi extraordinaire que celle que vous aviez faite de me parler à Coulommiers eût si peu de suite ? Pourquoi m’éclairer sur la passion que vous aviez pour monsieur de Nemours, si votre vertu n’avait pas plus d’étendue pour y résister? Je vous aimais jusqu’à être bien aise d’être trompé, je l’avoue à ma honte ; j’ai regretté ce faux repos dont vous m’avez tiré. Que ne me laissiez-vous dans cet aveuglement tranquille dont jouissent tant de maris ? J’eusse, peut-être, ignoré toute ma vie que vous aimiez monsieur de Nemours. Je mourrai, ajouta-t-il ; mais sachez que vous me rendez la mort agréable, et qu’après m’avoir ôté l’estime et la tendresse que j’avais pour vous, la vie me ferait horreur. Que ferais-je de la vie, reprit-il, pour la passer avec une personne que j’ai tant aimée, et dont j’ai été si cruellement trompé, ou pour vivre séparé de cette même personne, et en venir à un éclat et à des violences si opposées à mon humeur et à la passion que j’avais pour vous ? Elle a été au-delà de ce que vous en avez vu, Madame ; je vous en ai caché la plus grande partie, par la crainte de vous importuner, ou de perdre quelque chose de votre estime, par des manières qui ne convenaient pas à un mari. Enfin je méritais votre coeur ; encore une fois, je meurs sans regret, puisque je n’ai pu l’avoir, et que je ne puis plus le désirer. Adieu, Madame, vous regretterez quelque jour un homme qui vous aimait d’une passion véritable et légitime. Vous sentirez le chagrin que trouvent les personnes raisonnables dans ces engagements, et vous connaîtrez la différence d’être aimée comme je vous aimais, à l’être par des gens qui, en vous témoignant de l’amour, ne cherchent que l’honneur de vous séduire. Mais ma mort vous laissera en liberté, ajouta-t-il, et vous pourrez rendre monsieur de Nemours heureux, sans qu’il vous en coûte des crimes. Qu’importe, reprit-il, ce qui arrivera quand je ne serai plus, et faut-il que j’aie la faiblesse d’y jeter les yeux ! »

 

 
Madame de Lafayette (18 januari 1634 – 26 juni 1893)
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