Hafid Aggoune, Rense Sinkgraven, William Gibson, Siegfried Lenz, Patrick Hamilton, Jean Ingelow

De Franse schrijver Hafid Aggoune werd geboren op 17 maart 1973 in Saint-Etienne. Zie ook alle tags voor Hafid Aggoune op dit blog.

Uit: Premières heures au paradis 

“Je ne pensais qu’à mes pas m’éloignant de toi, de l’avenir, de nous. Je voulais le vide, être seul avec le monde, disparaître.
L’écriture et la vie que tu portais tiendraient ton cœur hors d’atteinte du désespoir. De cela, j’étais sûr.
Dès mon départ, je suis resté des heures à contempler le ciel sombre qui se déchirait à l’intérieur, des heures à tout me repasser, à l’image d’un vieux film inépuisable, où un ralenti est un rêve venant se poser sur la réalité présente, un moment où l’éternité, le drame et la beauté deviennent palpables, des morceaux d’enfer et de paradis visibles à l’œil nu.
Aujourd’hui, au bord d’un océan tant de fois rêvé, tout m’apparaît, les vivants et les morts de ma vie, et toi, qui sais dompter les comètes, remonter le temps, donner la vie de ta seule pensée autant que de ton corps.
Pieds nus, je peux sentir la chaleur du sable s’atténuer lorsque j’approche des langues d’eau. La fraîcheur soudaine de l’océan touche les talons et remonte à l’échine, traverse le cerveau, illumine les résidus d’idées sombres, éteint définitivement le reste de mes peurs.
Je longe la côte sans me retourner sur l’origine de l’ombre haute formée par la falaise et l’étrange bâtisse où se mêlent bois, métal, béton et verre, trace géante qui a diminué à chaque pas en avant. Très vite, la musique et les voix se sont perdues dans les rouleaux du Pacifique.
Je ferme les yeux pour voir. Il n’y a que moi, le vent et cette lumière sauvage de fin d’après-midi. La poussière vole sous mon crâne, excite la lumière des souvenirs.
J’imagine mon père avant ma naissance, quand il tenait la main de ma mère en regardant l’ombre de leur joli couple, désirant de toutes ses forces y voir celle d’un enfant apparaître. Quand ils allaient tous les dimanches se promener au bord de la Loire, au Pilat ou simplement aux abords de la maison de la culture qui surplombe Saint-Étienne, il savait qu’il aimait cette femme au beau prénom d’Yaâra au point d’imaginer l’incarnation de leur amour, la rêvant dans cette folle vision d’une silhouette supplémentaire tracée sur le sol, entre eux, évidente.“

 

 
Hafid Aggoune (Saint-Etienne, 17 maart 1973)

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