Tadeusz Różewicz, Herman Brusselmans, Mário de Andrade, Colin Clark, Victor Klemperer, Marína Tsvetájeva

De Poolse dichter en schrijver Tadeusz Różewicz werd geboren in Radomsko op 9 oktober 1921. Tadeusz Różewicz  is op 24 april van dit jaar op 92-jarige leeftijd overleden. Zie ook mijn blog van 9 oktober 2010 en eveneens alle tags voor Tadeusz Różewicz op dit blog.

Lament

I turn to you high priests
teachers judges artists
shoemakers physicians officials
and to you my father
Hear me out.

I am not young
let the slenderness of my body
not deceive you
not the tender whiteness of my neck
nor the fairness of my open brow
nor the down on my sweet lip
nor my cherubic laughter
nor the spring in my step

I am not young
let my innocence
not move you
nor my purity
nor my weakness
fragility and simplicity

I am twenty years old
I am a murderer
I am an instrument
blind as the axe
in the hands of an executioner
I struck a man dead
and with red fingers
stroked the white breats of women.

Maimed I saw
neither heaven nor rose
nor bird nest tree
St. Francis
Achilles nor Hector
For six years
blood gushed steaming from my nostrils
I do not believe in the changing of water into wine
I do not believe in the remission of sins
I do not believe in the resurrection of the body

 

Vertaald door Magnus J. Krynski en Robert A. Maguire

 

Deposition of the Burden

He came to you
and said
you are not responsible
either for the world or for the end of the world
the burden is taken from your shoulders
you are like birds and children
play

so they play

they forget
that modern poetry
is a struggle for breath

 

Vertaald door Czeslaw Milosz

 
Tadeusz Różewicz (9 oktober 1921 – 24 april 2014)

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Nobelprijs voor Literatuur 2014 voor Patrick Modiano

Nobelprijs voor Literatuur 2014 voor Patrick Modiano

De Nobelprijs voor Literatuur is dit jaar toegekend aan de Franse schrijver Patrick Modiano. Patrick Modiano werd geboren in Boulogne-Billancourt op 30 juli 1945. Zie ook alle tags voor Patrick Mondiano op dit blog.

Uit: Dora Bruder

C’était en février, pensais-je, qu’ “ils” avaient dû la prendre dans leurs filets. “Ils”: cela pouvait être aussi bien de simples gardiens de la paix que les inspecteurs de la Brigade des mineurs ou de la Police des questions juives faisant un contrôle d’identité dans un lieu public… J’avais lu dans un livre de Mémoires que des filles de dix-huit ou dix-neuf ans avaient été envoyées aux Tourelles pour de légères infractions aux “ordonnances allemandes”, et même, quelques-unes avaient seize ans, l’âge de Dora… Ce mois de février, le soir de l’entrée en vigueur de l’ordonnance allemande, mon père avait été pris dans une rafle, aux Champs-Elysées. Des inspecteurs de la Police des questions juives avaient bloqué les accès d’un restaurant de la rue de Marignan où il dînait avec une amie. Ils avaient demandé leurs papiers à tous les clients. Mon père n’en avait pas sur lui. Ils l’avaient embarqué. Dans le panier à salade qui l’emmenait des Champs-Elysées à la rue Greffulhe, siège de la Police des questions juives, il avait remarqué, parmi d’autres ombres, une jeune fille d’environ dix-huit ans. Il l’avait perdue de vue quand on les avait fait monter à l’étage de l’immeuble qu’occupaient cette officine de police et le bureau de son chef, un certain commissaire Schweblin. Puis il avait réussi à s’enfuir, profitant d’une minuterie éteinte, au moment où il redescendait l’escalier et où il allait être mené au Dépôt. Mon père avait fait à peine mention de cette jeune fille lorsqu’il m’avait raconté sa mésaventure pour la première et la dernière fois de sa vie, un soir de juin 1963 où nous étions dans un restaurant des Champs-Elysées, presque en face de celui où il avait été appréhendé vingt ans auparavant. Il ne m’avait donné aucun détail sur son physique, sur ses vêtements. Je l’avais presque oubliée, jusqu’au jour où j’ai appris l’existence de Dora Bruder. Alors, la présence de cette jeune fille dans le panier à salade avec mon père et d’autres inconnus, cette nuit de février, m’est remontée à la mémoire et bientôt je me suis demandé si elle n’était pas Dora Bruder, que l’on venait d’arrêter elle aussi, avant de l’envoyer aux Tourelles.
Peut-être ai-je voulu qu’ils se croisent, mon père et elle, en cet hiver 1942. Si différents qu’ils aient été, l’un et l’autre, on les avait classés, cet hiver-là, dans la même catégorie de réprouvés. Mon père non plus ne s’était pas fait recenser en octobre 1940 et, comme Dora Bruder, il ne portait pas de numéro de “dossier juif”. Ainsi n’avait-il plus aucune existence légale et avait-il coupé toutes les amarres avec un monde où il fallait que chacun justifie d’un métier, d’une famille, d’une nationalité, d’une date de naissance, d’un domicile. Désormais il était ailleurs. Un peu comme Dora après sa fugue. »

 
Patrick Modiano (Boulogne-Billancourt, 30 juli 1945)